Le blog de Lizzie Crowdagger

Ici, je discute écriture et auto-édition, fanzines et livres numériques, fantasy et fantastique, féminisme et luttes LGBT ; et puis de mes livres aussi quand même pas mal
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Faire des multiplications sans connaitre ses tables de multiplication, c'est facile !

, 01:57

Savais-tu que le monde se divise en 10 catégories de personnes : celles qui comprennent le binaire et les autres ? Alors, est-ce que tu veux faire partie des gens qui galèrent avec les tables de multiplication, ou celles qui utilisent une méthode éprouvée pour ne même pas avoir à les retenir ? Moi je pense que la question elle est vite répondue.

Un petit billet hors sujet, comme on est en fin de période de vacances apprenantes et que c’est bientôt la rentrée, pour vous donner une méthode simple et efficace si vous faites partie des jeunes élèves qui allez reprendre l’école ou des adultes qui ne vous souvenez pas toujours très bien de comment on fait les multiplications.

En effet, qui connait parfaitement ses tables sur le bout des doigts ? Personnellement, jusqu’à 5, ça va à peu près, mais les tables des 6, 7, 8 et 9 me demandent en général d’y réfléchir à deux fois.

Heureusement, je vous propose aussi une méthode simple qui vous permettra de poser et de résoudre des multiplications complexes sans avoir à faire, en fait, la moindre multiplication !

La solution est en fait toute bête : il s’agit de convertir vos nombres en binaire. Ainsi, vous n’aurez plus que des 1 et des 0. Par conséquent, la multiplication devient un processus trivial, plus qu’il n’y a plus qu’à multiplier par zéro (ce qui fait zéro, je ne vous apprends rien), par 1 (ce qui fait le même nombre) ou un multiple de 10 (ce qui revient à décaler le nombre d’un certain nombre de zéros à gauche).

Prenons par exemple le produit de 48 et 37. En posant cette multiplication avec la méthode normale qu’on vous a apprise à l’école, vous auriez notamment à devoir faire appel, de tête, à votre connaissance de la table des 7 et des 8. Avec le format binaire, rien de si compliqué :

binaire.pngEn effet, comme le montre l’image ci-dessus, 48 donne 110000 en binaire, 37 donne 100101. Il suffit ensuite de poser la multiplication comme vous le feriez normalement, sauf que vous n’avez que des 0 et des 1, ce qui facilite considérablement la chose. Le résultat final vous donne 11011110000 en binaire, ce qui vous permet très facilement de trouver que le résultat fait 1776 une fois trivialement converti au système décimal.

Si vous préférez une méthode plus visuelle et que vous avez entendu parler de la méthode de multiplication dite « japonaise » (qui n’a rien de japonaise, mais peu importe), cette technique se prête parfaitement à ce genre de conversion visuelle et très facile, qui vous permet de multiplier des nombres de manière intuitive :

binairejap.pngIl suffit, en effet, de tracer des lignes perpendiculaires en losange pour les chiffres de chaque nombre. Ici, les lignes représentant zéro sont en pointillés, et celles représentant 1 sont en trait dur. Il n’y a plus qu’à repérer les intersections et à les projeter à l’horizontal pour obtenir le résultat. Par ailleurs, comme il n’y a que des zéros et des uns, vous n’aurez pas le problème que vous pourriez avoir avec cette méthode visuelle lorsque des chiffres sont trop importants (pensez tout de même à reporter les retenues, même s’il n’y en a pas dans cet exemple).

Les esprits chagrins me feront remarquer qu’un défaut de cette méthode est qu’elle exige de convertir en binaire, puis depuis le binaire, mais cette opération est tellement triviale que j’ai pas pris la peine de m’attarder dessus : il est évident que 48 = 32 + 16 = 25 + 24, ce qui donne 110000 en binaire, tandis que de la même façon 1101111000 en binaire est évidemment 210+29+27+26+25+24 = 1024+512+128+64-32+16 = 1776, mais cela se fait de tête sans même y réfléchir.

Pour conclure, si même cette méthode simple vous a un peu perdu, ce n’est pas dramatique, après tout, les mathématiques, ce n’est pas une science exacte, et peut-être que votre truc à vous c’est plutôt la littérature, auquel cas j’en profite pour rappelez que vous trouverez mes fabuleux livres très littéraires ici. Et, de l’autre côté, si cette méthode vous parait évidente et que vous ne comprenez pas pourquoi ce n’est pas comme ça qu’on présente les choses en école primaire, vous apprécierez sans doute les personnages de Sigkill dans Une autobiographie transsexuelle (avec des vampires) et de Betty et Karima dans La sorcellerie est un sport de combat.

Ne m'appelez pas trans : mon problème avec la notion de "ownvoices" quand on parle de littérature LGBT, et dilemmes existentiels

, 14:24

Je ne savais pas trop par où commencer ce billet, parce qu’il y avait des choses assez difficiles pour moi à dire (et que, à la base, je n’avais pas spécialement prévu de dire comme ça) parce que, et ça pourra sembler paradoxal au vu des romans que j’ai écrits, ça fait écho à des choses personnelles dont j’ai du mal à parler.

Aussi, soyons honnête : même si je n’écrivais pas ce billet dans une volonté de callout ni de régler des comptes (ni de faire une psychanalyse, mais ça a fini comme ça, oups), mais bien d’ouvrir une discussion, il n’en reste pas moins que ce que je vais faire va à l’encontre du conseil sacro-saint donné aux écrivains qui communiquent : ne pas critiquer les gens qui critiquent tes bouquins. Et non seulement j’ai peur que ça soit pris comme ça, mais comme une critique envers les critiques les plus positives sur mes bouquins.

Pour éviter que ce soit interprêté comme cela, et montrer que l’optique de ce billet est la gentillesse plutôt que la confrontation, j’ai décidé d’ajouter une photo de Chachat, que voici :

mimichachat.jpg

Chachat, en train de dormir la tête sur mon bras (bras recouvert d’un pull extrêmement épais)

 

Autant dire qu’en commençant l’écriture de ce billet, je n’étais pas certaine d’aller jusqu’au bout parce que, non seulement, je ne savais pas trop où j’allais, mais j’avais l’impression de m’apprêter à me tirer une balle dans le pied. Même maintenant, en relisant, je ne suis pas sûre d’oser le publier ; et en même temps, d’une part, ça m’a permis, à moi de mettre le doigt sur des choses — je vous préviens que ça peut ressembler à ma psychothérapie ; et, d’autre part, je pense qu’il y a quand même des choses qui méritent d’être abordées.

Donc je prends mon courage à deux mais, et j’y vais.

Le point de départ

Le principe de la littérature Ownvoices, terme anglais qui veut dire sommairement « propres voix », c’est que c’est des livres avec des personnages faisant partie de groupes minorisés qui sont écrit par des auteurs faisant partie de ces minorités. Ça faisait un moment que j’avais envie de mettre le doigt sur ce qui pouvait parfois me gêner quand on appliquait ça aux livres LGBT, et ce récent thread Twitter d’Alex Harrow (en anglais) m’a en partie aidée à le faire.

Mon rapport personnel au « sigle » LGBT

Il y a un truc que j’assume dans le sigle (ou regroupement, ou parapluie ou peu importe) LGBT, c’est d’être lesbienne. Je veux dire, c’est ce que je mets en avant, c’est ce que j’ai envie de mettre en avant, ça fait partie de mon, de mon, identité.

Et, aussi, il se trouve que, techniquement, je suis trans. Je n’aime pas en parler. Je n’aime pas spécialement quand ça se sait. Et, oui, je dis ça en ayant écrit quelques bouquins avec des personnages trans, parce qu’heureusement tous mes personnages n’ont pas tous mes complexes, mes craintes, mon rapport au monde, etc. Ce qui est assez normal puisque ce sont des personnages. On sépare les personnages des auteurs, non ? Je ne suis pas aussi sociopathe que Morgue, moins impulsive que Lev, moins portée sur le sexe que Jessica, moins fan de foot que Razor, et les gens ne s’attendent pas à ce que je le sois. Naïvement, j’aimerais bien qu’on ne cherche pas à savoir si je suis aussi trans que Cassandra, Alys ou Elvira. Mais le fait est, on m’assigne à ça que je le veuille ou non, et je dois admettre l’être, disons, autant que Cameron (qui sera dans la saison 2 de La chair & le sang, et dont voici un petit passage en avant-première) :

— Il y a quelque chose qu’il faudrait que je te dise avant.

J’étais un peu habituée à ce qu’on me dise ça. Pas mal de nanas vampires pensaient que je n’étais pas capable de voir qu’elles étaient des vampires et voulaient me prévenir de leur mordant. Ce qui, évidemment, n’était pas nécessaire, parce qu’en tant que demi-démone, je suis tout à fait capable de détecter les vampires, loups-garous et autres créatures surnaturelles. Mais comme je ne suis pas vraiment sur le full-disclosure avec mes partenaires sexuelles, j’évite en général de le dire.

Cela dit, la situation était un peu différente. Je voyais bien que Cameron n’était pas une vampire. Pour une fois, son petit secret allait peut-être être une vraie surprise.

— Il faut que tu ne le dises à personne, a-t-elle ajouté.

— D’accord, ai-je dit.

Elle m’a jetée un regard grave.

— Si tu le dis, a-t-elle prévenu, je te tuerai.

J’ai ouvert la bouche, un peu surprise. Pourquoi est-ce que je n’avais jamais pensé à ça ? Il y a plein de personnes à qui je n’osais pas dire que j’étais une demi-démone, parce que ça devait rester secret et qu’on ne pouvait pas toujours faire confiance aux gens pour garder un secret.

— Je suis trans, a dit Cameron.

— Ah, ai-je dit en tentant de masquer mon dépit.

Je n’ai rien contre les personnes trans, notez. Seulement, vu le buildup, je m’attendais à quelque chose d’un peu plus extraordinaire.

Évidemment, c’est de la fiction, et même si mes personnages sont assez barrés, il n’est pas certain que Cameron mettrait ses menaces à exécution. Je ne vais matériellement pas vous tuer si vous dites que je suis trans après avoir lu ce billet. Ce qui est plutôt bien, parce que ça aurait voulu dire que j’aurais dû massacrer un certain nombre de personnes que j’aime bien et que, dans la vie réelle, régler les choses comme ça est rarement une solution satisfaisante.

Mais quand même, c’est là que j’en reviens avec mon problème avec la notion de Ownvoices quand on parle de questions LGBT. Ça implique de savoir que la personne est  « concernée ». Et parfois c’est juste dire qu’elle est concernée par le spectre LGBTQIA++, le parapluie queer, ce qui laisse une marge de manœuvre correcte. Et parfois non, parce qu’on va présenter des œuvres qui parlent explicitement de thématiques trans, et mettre en avant des livres écrits par des personnes trans.

Et du coup, régulièrement, j’ai ce coup dans le ventre paradoxal : il y a quelqu’un que j’apprécie souvent (parce qu’on se suit souvent sur les réseaux à défaut de toujours se connaître en vrai), qui a non seulement apprécié mon livre mais en fait la promo, ce qui en temps qu’écrivaine auto-éditée est un peu les moments de joie que tu recherches, parce que ça n’arrive pas si souvent qu’on parle de tes livres. Et, en même temps, cette personne vient de m’outer. Cette personne vient de poser à ma place les mots sur mon statut, les mots que je n’arrive pas à mettre moi-même lorsque je parle de moi, et je me sens pas bien, assignée malgré moi, dépossédée et confrontée à mes problèmes que je pensais avoir mis sous le tapis.

Dilemme existentiel et dualité

Et en même temps, je ne me sens pas légitime à râler. C’est moi qui l’ai cherché, quelque part. J’ai écrit un bouquin qui s’appelle Une autobiographie transsexuelle (avec des vampires), qui pour le meilleur ou le (vam)pire, parle aussi à des gens, résonne aussi avec leur vécu et, quelque part, il y a une sorte de dualité entre la Lizzie Crowdagger trans fière et assumée que ces personnes peuvent s’imaginer, et ont peut être besoin de s’imaginer en lisant le bouquin, et la personne, juste moi, débarassée de ses artifices fictionnels, qui a juste l’impression d’être merdique, sans dagues ni plumes noires.

Et le pseudonyme, Crowdagger, est sans doute le point culminant de ce paradoxe : même si pas grand monde ne le sait en France, c’est une référence à un terme qui avait été inventé, puis rapidement oublié, pour désigner et visibiliser les meufs trans butches.

Bref, à ce stade, j’espère que vous aurez compris que je n’écris pas ça pour régler des comptes, pour que les personnes qui m’ont visibilisée comme trans pour parler de mes livres se sentent mal (ou pour que vous alliez les embêter !). Il y a clairement un truc très personnel que je n’arrive pas à régler.

Ne plus être Crowdagger ?

Mais c’est un vrai problème. Plusieurs fois, j’ai hésité à me débarasser de ce pseudo, à partir sur autre chose. Dans la saison 1 de La chair & le sang, j’ai volontairement décidé de ne pas mettre le moindre début de personnage trans (même si je me suis quand même permise un quiproquo douteux à un moment) en me disant, que peut-être, je pourrais arrêter de trop mettre en avant des personnages trans par la suite et qu’on oublierait un peu mes anciens textes.

J’ai aussi pensé aller plus loin, arrêter d’écrire des fictions centrées sur les thématiques LGBT (ok, plutôt le versant lesbiennes et meufs trans, mais il y a quelques cautions masculines de temps en temps), en me disant que ce serait plus facile.

Et soyons très claire : ça ne fait pas écho qu’à l’écriture de fictions, évidemment. C’est mon rapport à la vie, au fait d’être encore mégenrée parfois, que des gens à qui je n’avais jamais dit que j’étais trans parlent soudainement de ma transidentité dans une réunion politique, des agressions dans la rue, qui en vrai ont, heureusement, énormément diminué depuis pas mal d’années, ce qui explique peut-être que j’écrive des choses un peu moins « énervées » qu’à l’époque d’Une autobiographie transsexuelle (avec des vampires).

Mais voilà, c’est aussi pour ça que j’ai autant de mal à écrire ces derniers temps, que depuis la saison 1 de La Chair & le sang je n’ai publié que des choses que j’avais dans les tiroirs, que  la saison 2 prend autant de retard. Parce que, fondamentalement, je n’étais pas sûre d’avoir envie de continuer. Je n’avais pas sûre de vouloir encore être Lizzie Crowdagger.

Et puis, soyons honnête, comment je peux prétendre écrire des bouquins positifs ou quoi alors que je suis cette meuf qui a peur qu’on capte ce qu’elle est, qui veut rester cachée, et qui à chaque fois le vit super mal et a juste envie de se foutre en l’air ?

Et puis voilà, après avoir été au fond du trou de la dépression, être passée par les phases « je serais toujours un monstre », je me suis dit qu’écrire ce billet me permettrait peut-être de poser les mots sur ce malaise.

Je suis crowdagger

Et je pense que, petit à petit, douloureusement, avec des périodes d’avancées et de recul, j’en suis aussi venue à une période d’acceptation. Je ne serais sans doute jamais percue comme une meuf cis, et, c’est peut-être le plus triste et le plus dur à accepter, j’ai même laissé tomber l’idée d’essayer de convaincre l’essentiel de mes camarades, même les plus inclusif·ve·s, d’arrêter de cloisonner entre « meufs cis » et «meufs trans ». J’ai accepté que je n’avais pas envie de payer les coûts que ça engendrerait de vouloir « passer à 100% » ou je ne sais quoi que ce soit en faisant de la chirurgie dont je n’ai pas envie, en retravaillant ma voix ou ce genre de choses.

Tant pis. Peut-être que je continuerais à être vue comme un monstre. Pas forcément comme un monstre à éliminer à coups de caillasse, parfois plus, dans les cercles où je traîne, comme un monstre un peu cool et subversif.

Je crois que j’en suis au stade où il faut que j’accepte de vivre avec ça. Et peut-être chercher, moi-même, de la force dans mes propres bouquins et chez mes propres personnages. Parce que, pour paraphraser Despentes, j’écris de chez les monstres, pour les monstres, et il est peut être trop tard pour en changer.

Mais je me dis, je peux au moins essayer de poser mes mots à moi. Et je me rends compte, je n’arrive pas à me dire trans. Je n’ai pas envie de me dire trans. Y’a sans doute des raisons de transphobie intériorisée ou de misogynie intériorisée ou je sais pas quoi, et y’a sans doute d’autres raisons qui font que j’ai du mal, parfois à me retrouver dans ce terme, cette « communauté » ou je ne sais quoi. Il y a des rapports personnels et politiques aussi ; mais j’ai déjà assez parlé de mes tergiversations psychologiques  et pour des discussions politiques internes à un groupe, un billet pour tout public qui partait au départ sur l’écriture n’est peut-être pas l’idéal.

Toujours est-il que j’ai déjà mon mot à moi, et depuis un moment. C’est crowdagger. Et ça, j’en reste assez fière. Et peut-être qu’il est temps que les gens qui connaissent mon pseudo savent ce qu’il veut dire. Oui, ça veut dire que je fais techniquement partie de la catégorie « meufs trans » mais aussi de la catégorie « butches », et bref, des crowdaggers.

Alors, ouais, peut-être que j’aurais pas dû prendre ce pseudo, en fait, parce que, même sans être très connue, le nom d’origine l’est encore tellement moins que, en France en tout cas, « crowdagger » est sans doute plus connu comme mon pseudonyme que comme le terme obscur communautaire qu’il désignait à la base.

La conclusion de tout ça

Bref, tout ça pour dire quoi ?

Déjà, à titre tout à fait égoïste, j’espère que ce billet m’aura permis de me décoincer un peu, de sortir du trou et d’assumer que ouais, je suis queer, j’écris des trucs queers et que je suis un peu vieille pour devenir normale. je ne sais pas si ça me débloquera vraiment pour l’écriture, mais on peut toujours croiser les doigts.

Ensuite, ben voilà, je suis une crowdagger et pas juste Lizzie Crowdagger, même si ce choix de pseudonyme va être vraiment pénible pour rendre ce genre de phrases clair. Je l’assume, et y compris que ça veut dire que, techniquement, je suis trans, même si je n’ai pas envie d’utiliser ce terme.

Pour finir, et pour revenir au point qui a ouvert tout ça, par rapport aux Ownvoices quand on parle de thématiques LGBT : je peux comprendre qu’on ait parfois besoin de dire à une personne « ça c’est un livre écrit par une personne trans/intersexe/lesbienne ». Mais si vous faites ça en public, s’il vous plaît, essayez quand même de pas outer ou réassigner les auteurs et les autrices. S’il y a un doute, dites juste qu’il y a un personnage trans, ou intersexe, ou non-binaire, ou lesbienne, ou séropo, qui est bien écrit, sans préciser si c’est forcément parce que l’auteur ou l’autrice est « concerné·e ».

En ce qui me concerne, si vous voulez absolument utilisez un terme auquel m’assigner (et, vraiment, ne vous sentez pas obligé·e de le faire, j’aimerais vraiment pouvoir arriver à un stade où on peut dire du bien de mes bouquins juste en parlant de mes bouquins et pas de ma vie), utilisez crowdagger. S’il est trop compliqué à expliquer, vous pouvez juste ne rien dire, mais voilà, c’est ça mon identité.

Ajout du 26 juin

Ce billet a connu un certain nombre de partages, et j’ai reçu énormément de réactions positives ❤️❤️❤️, et des retours avec des personnes qui se posaient plus ou moins les mêmes questions, ou qui avaient du mal à écrire sur les sujets qui les touchaient trop par crainte de ce genre de choses, etc.

Je pense que le fond du problème, ça reste qu’être auteur ou autrice, blogueu·r·se, youtubeu·r·se, etc. dans ce genre de domaine (Ownvoices au sens large on va dire, là c’est centré sur les thématiques LGBT mais c’est des choses qu’on peut plus ou moins retrouver ailleurs) c’est quand même une situation inconfortable, où on est toujours tiraillé·e·s entre plein de choses, et c’est d’autant plus rageant de voir que, pendant ce temps, le milieu littéraire dominant reste occupé à pleurnicher parce que tel auteur blanc a écrit un livre sur l’esclavage qui ne sera pas traduit, parce que telle autrice cis de best-sellers n’a pas pu tenir des propos transphobes sans qu’on lui réponde, ou encore parce que Autant en emporte le vent est censuré par quelques minutes de mise en contexte.

Bref, force et ❤️ et merci pour les retours gentils

Découvrez La chair & le sang avec une nouvelle spéciale Saint-Valentin !

, 14:14

Pour la Saint-Valentin, la fête de tou·te·s les amoureux et amoureuses, quoi de mieux que de plonger dans une série de fantasy urbaine lesbienne romantique[1] ? Et pour le faire, voici une nouvelle spéciale pour cette belle fête dans l’univers de La chair & le sang avec…

— Oh, une seconde. Tu te fous de moi, là ?

— Allez, Jessie, tu étais d’accord pour participer à une nouvelle spéciale…

— Ouais, je suis pas contre faire quelques cascades pour me dérouiller un peu. Mais une nouvelle spéciale Saint-Valentin ? Tu te fous de ma gueule ?

— Je me disais que c’était approprié parce que tu sais il y a quand même une histoire d’amour et…

— Y’a marqué bonniche sur mon front ? J’ai l’air de vouloir crever d’envie de finir avec un gars à lui laver ses chaussettes ?

— Non mais ce serait une nouvelle romantique lesbienne…

— Ah, oui, pour montrer que nous les gouines on peut s’amuser à singer les conneries des hétéros ?

— Non mais faut pas le voir comme ça…

— « Cette belle fête » ? Sérieusement ? Youpi les meufs allez fêter votre aliénation, mais c’est pas grave on vous offre des fleurs !

— D’accord, je kiffe pas non plus, mais ça reste une possibilité marketing pour…

— Ah ouais purée depuis que tu t’es mise à écouter BFM Business t’y crois sérieusement à ton truc d’autrice-entrepreneuse, hein ? Ah, pour citer Poutou dans ses bouquins, pas de problème, mais à côté de ça on cède aux sirènes du marketing dégueulasse y compris si ça veut dire faire de la retape pour une fête patriarcale…

— Écoute, on a toutes nos contradictions, hein.

— Ouais, ben là ce sera sans moi. Je suis en grève. Faudra trouver une autre bonne poire pour faire la protagoniste de ta nouvelle commerciale de mes deux.

— C’est pas avec cette mentalité que tu vas pouvoir être adaptée en série télé, tu sais ?


En raison d’une grève de ses protagonistes, la nouvelle spéciale Saint-Valentin de ‘La chair & le sang est annulée. L’autrice s’excuse pour le tort occasionné à ses lecteurs et lectrices et condamne cette prise en otage des usagers et usagères.

Note

[1] Pour une certaine définition de « romantique ».

Les licences libres pour la fiction, intérêt et impact pour les auteurs et autrices : les slides

, 20:00

Aujourd’hui a eu lieu la conférence autour de l’intérêt et de l’impact des licences libres pour de la fiction, dans le cadre des Rencontres Mondiales du Logiciel Libre 2017. Merci à toutes les personnes présentes, et aux personnes organisant ces rencontres d’avoir accepté ma proposition de conférence ❤️

Je ferai peut-être une version plus rédigée un jour, et il est possible que les RMLL publient un enregistrement sonore, mais en attendant vous pouvez d’ores et déjà télécharger les slides que j’ai utilisés pour la présentation (au format PDF). Les sources sont disponibles au format LaTeX, sous licence CC-By-SA, sur Github.


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Billets connexes

Merci à toutes les personnes passées samedi à la Plume Noire !

, 09:33

Je me rends compte que si je pense (en général) à annoncer les événements auxquels je participe sur ce blog, je pense rarement à faire un billet après, ce qui est un peu idiot.

Je voulais donc, pour une fois, remercier la librairie La Plume Noire de m’avoir accueillie samedi dernier et de m’avoir permise de présenter quelques livres et de discuter de la représentation des personnes LGBT dans la fiction. Je voulais aussi et surtout l’ensemble des personnes présentes, en tout cas pour moi c’était un chouette moment ❤️.

Pour les personnes qui auraient souhaité venir mais ne pouvaient pas être présentes pour une raison ou pour une autre, je posterai sans doute, quand j’aurais le temps, une version un peu rédigée des notes que j’avais prises ; en attendant, vous pouvez toujours écouter l’émission d’On est pas des cadeaux du vendredi 21 avril, où le format était différent mais où j’ai parlé plus ou moins des mêmes thématiques.

Merci encore ❤️


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Des lesbiennes, des vampires, des flingues et des motos : émission d'On est pas des cadeaux à réécouter

, 21:10

Bon, le dimanche n’était pas folichon, mais l’émission On est pas des cadeaux sur Radio Canut de vendredi dernier, et la rencontre de samedi à la librairie Terre des livres étaient des moments chouettes, avec pas mal de rencontres et des discussions intéressantes :)

Un grand merci à l’ensemble de l’équipe d’On est pas des cadeaux, ainsi qu’aux libraires de Terre des livres, et à toutes les personnes qui ont fait le déplacement ❤

Pour les personnes qui l’auraient raté au moment de la diffusion et voudraient l’écouter, il est possible de réécouter l’émission de radio d’On est pas des cadeaux ici.

Tutoriel : partager et modifier une œuvre sous licence libre Creative Commons

, 15:30

Comme vous le savez peut-être, la plupart des textes qui sont publiés en auto-édition sur ce site sont diffusés sous licence libre Creative Commons Attribution-Partage sous les mêmes conditions, ce qui vous autorise (sous certaines conditions, notamment que ce soit sous cette même licence) à :

  • partager ces œuvres à l’identique ;
  • modifier ces œuvres ;
  • publier des versions modifiées.

Même si ça paraîtra peut-être évident à certaines personnes, j’avais envie de faire un petit billet pour expliquer les bonnes pratiques si l’on voulait partager ou modifier une œuvre diffusée avec sous ce type de licence.

Redistribuer une œuvre, sans la modifier

Commençons par le cas le plus simple : vous désirez simplement reproduire une œuvre, sans la modifier. Par exemple, mettons que vous ayez aimé Créatures de rêve et que vous aimeriez l’imprimer au format brochure pour qu’elle soit dans l’infokiosque que vous allez tenir à un concert punk.

Dans ce cas, la seule chose dont il faut s’assurer, c’est qu’il y a bien l’information sur la licence. En l’occurrence, la version PDF que je propose contient déjà ces informations, donc vous pouvez vous contenter d’imprimer cette version. Il est important de ne pas retirer cette mention, ou de l’ajouter si je ne l’ai pas mise dans le texte même (par exemple pour les nouvelles courtes). Dans ce dernier cas, vous pourrez reprendre la description que j’insère dans la plupart des textes ; si vous trouvez ça trop long, vous pouvez vous contenter de juste mettre un truc du style :

Créatures de rêve, par Lizzie Crowdagger (http://crowdagger.fr) est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International.

(Normalement, il faut aussi mettre les liens vers la page de l’œuvre et les informations sur la licence, mais là comme on parle d’une version papier ça donnerait quelque chose d’assez moche. Cela dit, pour être rigoureux, il faudrait le faire, en mettant par exemple en note de bas de page les liens trop longs.)

Attention : si vous ne mettez pas ces informations, vous ne respectez pas la licence, et vous êtes dans l’illégalité. J’ai régulièrement vu des gens faire n’importe quoi avec des œuvres sous licence libre (pas que, certes) en disant « c’est bon, j’ai le droit de faire ce que je veux avec », ou avec l’idée en tout cas que ce serait « moins illégal » qu’avec une œuvre sous droit d’auteur classique. Sauf que non, à partir du moment où vous ne respectez pas les conditions de la licence (préciser l’autrice, redistribuer sous la même licence, bref tout ce qu’il y a dans le nom « Attribution-Partage sous les mêmes conditions »), celle-ci ne s’applique plus et vous perdez tous les droits de partage, modification, etc..

(Je précise que je ne suis par ailleurs pas forcément une maniaque du légalisme ; pour reprendre l’exemple de notre infokiosque à un concert punk, j’avoue que si les conditions ne sont pas scrupuleusement respectées, comme d’ailleurs s’il y a des photocopies de livres sous droit d’auteur, je m’en fous un peu ; par contre quand c’est des entreprises qui défendent par ailleurs vaillamment leur propriété intellectuelle qui ne respectent pas ces conditions, ça m’énerve un peu plus.)

Évidemment, les mêmes principes s’appliquent pour reproduire un texte sur Internet, par exemple si vous avez un blog ou un site. Cela dit, l’intérêt pour le partage à l’identique me paraît dans ce cas un peu plus limité, puisqu’un lien direct vers l’œuvre marche aussi bien et permet de pointer vers la dernière version.

Créer une œuvre dérivée

Maintenant, imaginons que quelqu’un (appelons-le Rudy Gaylord) trouve cool le texte Dykes vs Bastards. Seulement, il le trouverait encore mieux si, au lieu d’avoir un gang de lesbiennes motardes, c’était un groupe de gays skinheads. Il décide donc de modifier l’œuvre (soit en modifiant le fichier Markdown, soit en passant le tout sous LibreOffice, il fait bien ce qu’il veut). Le résultat lui plaît, et il décide de le publier sur son blog. Qu’est-ce qu’il doit faire pour respecter la licence ?

Évidemment, avec la condition de ShareAlike (« Partage dans les mêmes conditions » en français mais c’est plus long), il faut que cette œuvre soit publiée sous la même licence, comme pour le cas ci-dessus. Le problème est surtout : qui est l’auteur de l’œuvre, et comment indiquer la « paternité » et les contributions de celle-ci ?

D’un point de vue juridique, la licence Creative Commons Attribution-ShareAlike vous impose deux contraintes :

  • identifier l’auteur original ;
  • indiquer que l’œuvre a été modifiée.

Elle donne aussi la possibilité à l’autrice de l’œuvre originale de demander à ce que son nom soit supprimée de l’œuvre dérivée. C’est un peu une sorte de « droit moral » allégé, qui ne permet pas d’interdire une publication sous prétexte qu’elle ne respecte pas la volonté de l’autrice, mais qui lui permet tout de même de ne pas être rattachée à quelque chose qu’elle ne cautionne pas.

En terme de notice légale, et à moins d’une demande de « répudiation » de la part de l’autrice, cela pourrait prendre par exemple la forme du texte suivant :

Ce texte est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International. D’après Dykes VS Bastards, par Lizzie Crowdagger, modifié par Rudy Gaylord (qui en a fait une histoire gay au lieu d’une histoire lesbienne).

En revanche, j’avoue que je suis un peu plus dans le flou pour ce qui est du titre de l’œuvre et de ce qu’il faut mettre pour le ou les auteurs (sur une couverture, notamment), et j’ai eu du mal à trouver des informations sur ce sujet. Pour moi, avec de telles modifications, qui ne sont pas juste de forme, il est capital de s’assurer que personne ne puisse croire que cette œuvre est émise ou « approuvée » par l’autrice originale (qui n’a peut-être même pas connaissance de son existence), donc il est impensable pour moi que l’autrice de l’œuvre originale soit présentée comme autrice de l’œuvre dérivée, en lui laissant la charge de contacter la personne qui a réalisé cet adaptation si cela ne lui va pas.

La solution qui me paraît la plus raisonnable est donc d’avoir en « auteur » du livre quelque chose comme « Rudy Gaylord, d’après une œuvre de Lizzie Crowdagger » ; avoir quelque chose comme « Lizzie Crowdagger, Rudy Gaylord » ou, encore pire, « Lizzie Crowdagger » m’embêterait beaucoup, puisque ça sous-entendrait que j’ai validé un texte dont je ne connais même pas l’existence.

Même si je ne pense pas que ce soit forcément obligatoire, il me paraît également préférable dans ce genre de cas de modifier le titre, pour éviter la confusion parmi les lecteurs et lectrices. Dans cet exemple précis, il n’aurait d’ailleurs plus beaucoup de sens, et gagnerait à être remplacé par exemple par Fags VS Bastards.

Le cas des traductions ou des passages vers un autre format

En soi, une traduction vers une autre langue, ou un autre format (audio, par exemple) relèvent également de l’œuvre dérivée. À titre personnel, je ferai quand même une différence sur l’attribution : dans le cas d’une traduction qui a essayé de rester raisonnablement fidèle à l’original (certes avec des choix qui viennent de la traductrice, mais sans réécrire l’œuvre), ça ne pose pas les mêmes problèmes de garder l’autrice originale comme autrice de l’œuvre dérivée (en ajoutant évidemment la traductrice).

Même chose lorsqu’il s’agit essentiellement de modifications sur la forme, par exemple avec une mise en page différente. Dans ce cas, on peut garder le titre et l’autrice originale, et se contenter d’afficher une notice à l’intérieur de l’œuvre :

Titre par Auteur Original est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International. Mise en page modifiée par Nouvel Auteur

ou encore :

Titre original : Titre non traduit, de Autrice Originale, traduit de la langue par Traductrice. Cette œuvre est mise à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International.

Conclusion

Voilà, j’espère que cet article vous aura convaincu que le partage d’une œuvre libre doit se faire en respectant les conditions fixées par la licence, et que « ce texte est libre, alors je l’ai republié sur mon blog sans dire d’où il vient, ni la licence, ni qui l’a écrit » n’est clairement pas respecter la licence ; et que vous verrez un peu mieux comment créer une œuvre dérivée à partir d’une œuvre libre sous Creative Commons.

En rédigeant ce billet, j’ai été surprise de voir qu’il y a avait si peu d’informations concrètes sur ce dernier point, et j’espère que ça comblera un peu ce manque, même si le manque de choses claires à ce sujet fait que ça ressemble plus à « ce que j’aimerais que vous fassiez avec mes textes libres, si l’envie vous prend de les modifier » qu’à une vérité universelle.


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Des numéros de version pour de la fiction, quelle drôle d'idée !

, 17:09

Certaines personnes auront peut-être remarqué que depuis quelques temps, en tout cas pour les versions HTML, certains des textes disponibles sur ce site se voient affubler d’un numéro de version. Par exemple, sur Une mine de déterrés , si vous scrollez tout en bas de la page, vous pourrez voir :

Une mine de déterrés , version 1.1.2 (licence : CC BY-SA 4.0)

Pour ce qui est de la licence, je me suis déjà pas mal expliquée sur les choix d’utiliser une licence libre pour une bonne partie de mes textes de fiction, je ne vais donc pas revenir dessus.

Mais ce numéro de version, c’est quoi ? Pourquoi ? Comment ? N’est-ce pas juste une lubie de geek qui applique des outils utilisés pour l’informatique là où ce n’est pas approprié ?

Je voulais donc prendre le temps d’expliquer un peu ce choix, qui peut paraître étrange.

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Billets connexes

Neuf conseils pour écrire des personnages LGBT de manière inclusive

, 16:05

Il est extrêmement difficile d'écrire des histoires avec des personnages LGBT. Comme on m'a souvent demandé des conseils sur ce sujet (ce qui est bien normal), j'ai décidé de vous livrer neuf règles à suivre afin de produire une œuvre inclusive.

Remarque : ces conseils ont été rédigés pour des personnages LGBT, mais la plupart sont également valides pour écrire des personnages d'autres groupes inhabituels. N'hésitez pas à les adapter aux questions de sexisme, racisme, handicap, classe, âge, etc., pour avoir une œuvre encore plus inclusive !

1) Détaillez les personnages LGBT que vous incluez

À des fins d'inclusivité, il est vital que vous listiez rigoureusement dans tout résumé du livre tous les personnages LGBT que vous incluez, ainsi que leur « catégorie » spécifique. C'est très important pour deux raisons :

  1. Imaginez qu'un lecteur ouvre votre livre et ne soit pas au courant, commence à s'identifier au personnage, puis réalise qu'il est gay. Ou, pire, qu'il fantasme sur une de vos héroïnes, tout ça pour réaliser à la moitié du roman qu'elle est transsexuelle ! Vous voulez éviter ce genre de désagrément, qui peut pousser un lecteur à refermer un livre et à faire des commentaires négatifs, et qui est une approche qui manque clairement de pédagogie.
  2. De leur côté, les personnes LGBT ne s'intéressent pas vraiment à l'histoire et veulent juste qu'il y ait quelqu'un de leur groupe qui soit représenté. Savoir s'il s'agit de fantasy épique, de science-fiction policière, ou de romance historique est accessoire, ce qui compte est de lister précisément les identités représentées. Ne dites pas ce roman inclut des personnages LGBT, détaillez au maximum : ce roman inclut deux lesbiennes, un homme trans et un bisexuel. Ou, mieux : ce roman inclut deux lesbiennes, une végétarienne féminine et une sadomasochiste androgyne, un homme trans asiatique et un bisexuel qui a des traits autistiques.

2) Documentez-vous

Les personnes LGBT sont compliquées. Pour inclure des personnages LGBT dans votre histoire, il est donc nécessaire de bien vous renseigner. Vous pouvez faire cela en allant poser des questions aux personnes LGBT que vous connaissez, elles adorent toujours répondre à des questions. Le mieux, cependant, est de repérer un·e écrivaine LGBT pour lui demander comment faire pour écrire votre histoire. Attention : même s'il ou elle est écrivain·e, il ou elle est avant tout LGBT et donc (cf point 1) ne s'intéresse pas à l'histoire, mais aux détails identitaires des personnages que vous souhaitez inclure. Surtout, faites-lui bien comprendre que vous le/la contactez uniquement parce que vous savez qu'il/elle est LGBT : les écrivain·e·s LGBT restent avant tout des homos et/ou des trans, et n'aiment pas beaucoup qu'on les considère comme quelque chose d'autre.

3) Partagez doctement tout ce que vous avez appris

Ce serait purement du gâchis s'il y avait des éléments que vous aviez appris qui n'apparaissaient pas dans votre roman. Par ailleurs, ce serait perdre les lecteurs s'il y avait des éléments qui n'étaient pas bien expliqués : imaginez un film ou un livre sur les militaires qui ne détaillerait pas précisément le code gestuel ou les abréviations qu'ils emploient ! Non, il est nécessaire de bien expliquer tous les points qui pourraient ne pas être connus d'un lecteur hétérosexuel ou cisgenre. Par conséquent, pensez à bien détailler tout ce que vous savez dès que vous avez un personnage LGBT. Par exemple, il serait tout à fait malvenu d'avoir un personnage trans sans détailler son traitement hormonal, les chirurgies qu'il ou elle a faites, ou encore les procédures pour les obtenir. Une œuvre qui inclut des personnages LGBT n'a pas à avoir comme objectif premier d'être intéressante, mais pédagogique. Toute information compte, même si, après toutes vos recherches, elle peut paraître triviale : votre lecteur ou lectrice n'est pas aussi éduqué·e que vous. Par exemple, si vous avez un personnage de gay folle, pensez à bien préciser qu'il y a aussi des gays plus masculins. Cela dit, c'est un mauvais exemple, car...

4) Évitez les clichés, c'est-à-dire les personnages LGBT qui font trop communautaires

Il est important de ne pas trop perdre le lecteur en lui montrant des personnages qui révèlent du cliché. Donc, en réalité, évitez les folles, les butches, etc., et préférez des personnages LGBT qui soient un peu plus normaux. Après tout, on n'a pas envie de reproduire des clichés homophobes en faisant croire qu'il existe véritablement une communauté LGBT qui a développé des codes à elle.

5) Ne mettez pas trop de personnages LGBT

Les personnes LGBT évitent consciencieusement de traîner entre elles, ou de discuter entre elles : elle préfèrent, comme tout le monde, la compagnie des hétérosexuels cisgenres. Par conséquent, si vous avez un personnage LGBT, il ne serait pas très réaliste qu'il ou elle ait des ami·e·s LGBT. Les LGBT ne se regroupent jamais entre elles et eux, c'est un cliché homophobe. Bien sûr, cette nécessité de réalisme (on n'a, après tout, jamais vu de groupes entièrement constitués de gays ou de lesbiennes !) peut être légèrement assouplie si vous souhaitez être très inclusi-f-ve, mais pensez à tout de même à mettre un certain nombre de personnages normaux. Ne pas le faire pourrait être très contre-productif : imaginez que vous vous donniez le mal d'écrire un roman où l'intégralité des personnages soient LGBT, et que le lecteur en vienne à considérer cela comme normal et plus exceptionnel : vos efforts d'inclusivité ne seraient pas perçus à leur juste valeur.

6) Ne faites pas commettre d'actes répréhensibles à vos personnages LGBT

Dans une démarche inclusive, il est important que vos personnages LGBT soient présentés sous une lumière positive. Pour cela, évitez de leur faire commettre des actions immorales : ce serait homophobe ou transphobe. Par dessus tout, évitez absolument d'avoir un ou une antagoniste LGBT. Ne vous fiez pas à la popularité des anti-héros ou au fait que pour pas mal d'œuvres, le personnage que les gens préfèrent est le méchant : les règles de jugement moral dans la fiction sont tout à fait les mêmes que dans la réalité, et il est donc nécessaire que vos personnages LGBT se comportent de manière exemplaire pour ne pas véhiculer des clichés homophobes.

(À titre exceptionnel, on peut se permettre qu'un personnage LGBT effectue un acte légèrement immoral (comme employer une insulte problématique), à condition qu'il ou elle fasse amende honorable par la suite. Cela permet de montrer que la déconstruction est un processus permanent.)

7) Si rien n'indique dans l'œuvre qu'un personnage est LGBT, pensez à le préciser en dehors de l'œuvre

Imaginons que vous ayez un personnage LGBT, mais que rien n'indique dans votre œuvre qu'il ou elle est LGBT. C'est évidemment une erreur : vous avez mal appliqué les conseils 1) et 3). Heureusement, tout n'est pas perdu, et vous pouvez encore clamer que votre personnage qu'on ne voit avoir que des relations hétérosexuelles est en réalité pansexuel, ou que votre héros qui a tout d'un homme cis hétéro se pose des questionnements sur sa non-binarité, même si cela n'apparaît dans aucun des textes que vous avez écrits.

Astuce : personne, à part vous, n'étant dans votre tête, vous pouvez aussi décider rétroactivement qu'un personnage était en réalité LGBT, pour transformer une œuvre non-inclusive en œuvre inclusive. Si quelqu'un vous fait remarquer que, tout de même, rien ne laissait présager que le personnage était LGBT, et doute de votre sincérité, répliquez-lui que c'est parce que les homos sont des gens comme les autres et que douter de vous ainsi est profondément homophobe.

 8) Il est important que vous expliquiez en quoi vous êtes concerné·e ou pas

À partir du moment où vous mettez en scène des personnages LGBT, il est vital que tout le monde sache si vous êtes LGBT ou pas, et, si oui, quelles cases vous cochez et lesquelles vous ne cochez pas. Deux cas de figure :

  • Vous n'êtes pas LGBT, auquel cas il est important de faire savoir à tout le monde que vous avez produit des efforts surhumains pour écrire votre œuvre. Accessoirement, cela vous permet d'éviter que les gens pensent de vous que vous êtes un pédé.
  • Vous êtes LGBT, auquel cas, à partir du moment où vous déballez votre vie personnelle en mettant en scène des personnages qui sont également LGBT, les gens ont bien le droit d'avoir accès à votre intimité. C'est tout de même la moindre des choses.

(Ces deux cas de figures s'appliquent de manière différenciée suivant les différentes lettres que vous incluez. Par exemple, si vous êtes une lesbienne cis, et que vous incluez des lesbiennes ainsi que des personnages trans, vous devez préciser que vous êtes vous même lesbienne et accepter de répondre aux questions sur ce qui est autobiographique ou pas[1], mais vous pouvez dire que vous êtes cis pour a) ne pas risquer de passer pour une femme trans b) que le travail de documentation que vous avez dû réaliser pour apprendre des choses sur les personnes trans soit reconnu à sa juste valeur.)

9) Expliquez à quel point écrire des personnages LGBT est difficile

Dans tous les cas, il est nécessaire que vous expliquiez à quel point il était compliqué d'écrire une œuvre avec des personnages LGBT, et que cela relève d'une démarche volontariste d'inclusivité et que ce n'est certainement pas une idée qui vous serait passée par la tête naturellement. On ne voudrait pas laisser croire que pour écrire correctement une histoire avec des personnages LGBT, il suffirait d'avoir une bonne histoire, de mettre des personnages qui sont homos ou trans, et d'éviter d'être homophobe ou transphobe. Il est donc nécessaire d'expliquer à quel point ce procédé vous a demandé du travail surhumain, de la déconstruction, un travail de recherche dantesque, etc. Après tout, n'importe qui peut sans problème écrire des histoires avec des guerres, de la géopolitique, des explications plus ou moins scientifiques, mais comme, contrairement à ça, les personnes LGBT ne sont pas quelque chose qu'on croise tous les jours, inclure des personnages LGBT demande un véritable travail de recherche qui n'est pas donné à tout le monde.


Si vous aimez ce que j'écris et que vous voulez me soutenir financièrement, il y a une page Tipeee où vous pouvez vous abonner à partir d'1€ par mois. En contrepartie, vous aurez accès à mes prochains textes de fiction en avant-première. Mon projet en cours est une série inclusive, safe, déconstruite et pédagogique, qui inclut les identités suivantes :

  • une lesbienne masochiste ;
  • une pansexuelle top ;
  • une skinhead lesbienne (que je dois réécrire car elle est grosse et masculine et qu'on m'a fait remarquer que c'était un cliché lesbophobe) ;
  • une femme noire asexuelle et aromantique ;
  • un homme bisexuel qui a un trouble obsessionnel compulsif.

(Accessoirement, la plupart de ces personnages sont des vampires ou des loups-garous, mais c'est tout à fait accessoire à l'intrigue.)

Vos dons sont nécessaires car écrire sur des identités si particulières de manière inclusive et respectueuse me demande un effort approfondi de documentation et de déconstruction qui nécessite un travail long et difficile.


Note

[1] Et, soyons honnête, l'essentiel de votre histoire est autobiographique, non ? Quand les minorisé·e·s écrivent des histoires de minorisé·e·s, c'est forcément autobiographique, c'est bien connu.

Cinq raisons de reconsidérer l'auto-édition

, 22:03

Comme j'essaie en ce moment de gagner un peu d'argent avec ce que j'écris, ça implique de devoir un peu se transformer en community manager, et j'ai donc assez logiquement décidé de faire ce qui marchait : un article au titre clickbait pour parler d'auto-édition.

Bon, je n'ai pas poussé la logique jusqu'au bout : je ne vais pas filer une liste de raisons pour vous convaincre de vous auto-éditer et que grâce à ça vous allez pouvoir devenir les rois et reines du pétroles à condition de lire mon livre de bons conseils disponible que vous pouvez acheter tout de suite à prix promotionnel.

Non, en fait je voulais surtout m'interroger, concernant le livre numérique, sur le rapport entre l'auteur ou l'autrice auto-édité·e et la boîte qui vend les livres. La façon dont c'est présentée en général, c'est que l'auteur ou l'autrice est purement indépendant·e, son propre patron, quelqu'un qui fait partie du monde select des gens qui entreprennent, ceux qui font avancer le monde, qui créent de l'emploi et de l'innovation, etc. Je voulais proposer une vision un peu différente, et cinq raisons pour lesquelles ça ne me paraît pas forcément le plus pertinent de juste voir ça comme une entité indépendante (l'auteur ou l'autrice) qui utilise les services d'une autre entité indépendante (Amazon, Kobo, Apple, ...).

1 : C'est Amazon qui vend les livres, pas vous

D'accord, en théorie c'est l'auteur ou l'autrice qui vend ses livres à des lect·eur·rice·s, et Amazon prend un pourcentage (entre 30 % et 70 %) en échange de cette mise en relation et de sa prestation de services. Sauf qu'en vrai, c'est Amazon qui vend les livres aux lect·eur·rice·s, l'aut·eur·rice n'est jamais en contact avec, c'est Amazon qui se constitue une base de données de clients, c'est Amazon qui décide si l'achat est validé ou pas, etc.

2 : C'est Amazon qui décide du format, pas vous

Amazon vend ses livres au format Amazon. Si vous voulez que vos livres soient vendus sur cette plate-forme, vous devez utiliser le format Amazon. Vous ne pouvez pas dire « ah ben tiens moi je préférerais proposer un EPUB à la place. » Pas le top de la liberté et de l'indépendance, quand on y pense.

3 : Le prix de vente du livre, Amazon le décide pas mal aussi

En théorie, c'est l'auteur ou l'autrice qui fixe le prix de vente du livre. Sauf que. En pratique, il y a une fourchette (entre 3 et 10$, je crois), pour lesquelles vous touchez un pourcentage correct (70 %). En dessous, ou au dessus, ça passe à 30 %. Vous êtes tout à fait libre de vendre un livre à 1,99$, mais en pratique vous n'avez vraiment pas intérêt à le faire. En gros, vous devez vendre au prix auquel Amazon veut que vous vendiez.

4 : Amazon pousse fortement pour que vous signiez une clause d'exclusivité

Comme je l'avais déjà un peu expliqué dans Le fonctionnement d'Amazon pour les auteurs/autrices auto-édité·e·s, Amazon pousse fortement ses auteurs et autrices à proposer leurs livres exclusivement sur Amazon, par le biais de KDP Select. Sans ça, vous ne pouvez pas faire des promotions de quelques jours sur vos livres, et surtout ils ne peuvent pas être dans l'abonnement illimité, donc ils font un peu moins de « ventes » que les bouquins qui y sont, donc ils sont moins visibles dans le classement Amazon, donc les gens les achètent moins. Bref, vous êtes fortement poussé·e à accepter cette exclusivité.

5 : ne voir que des acteurs indépendants ne permet pas de construire la solidarité

Et, surtout, ne voir qu'un ensemble d'acteurs indépendants qui proposent et utilisent des services les uns aux autres, c'est pratique pour ne surtout construire aucune solidarité. D'abord entre auteurs et autrices, qui sont juste des concurrents où le gagnant est celui qui s'adapte le mieux aux demandes de la plate-forme (y compris quand les règles changent brutalement du jour au lendemain) et ne peuvent surtout pas envisager de s'unir pour demander d'autres conditions. Ensuite, entre auteurs/autrices et travailleu·r·se·s d'Amazon : si je me vois uniquement comme cliente d'un prestataire de service, je peux être tentée de me dire « ah, si les employé·e·s doivent bosser plus pour gagner moins, très bien, ça va faire baisser les prix et augmenter mon pourcentage ». Si je considère qu'Amazon, pour maximiser ses profits, doit réussir à obtenir le plus de travail en dépensant le moins, qu'il s'agisse du travail des salarié·e·s qui permettent de faire tourner l'entreprise mais aussi de celui de tou·te·s ceux et celles qui produisent le contenu vendu sur le site, je peux me dire qu'il y a peut-être intérêt à créer des solidarités un peu plus larges y compris avec des gens qui n'ont pas le même statut.

Bref, tout ça pour dire que s'auto-éditer pour vendre ses livres au format numérique sur Amazon (et évidemment, ça s'applique aussi aux concurrents d'Amazon, à part peut-être le point 4), ce n'est pas vraiment être indépendant·e· C'est, d'une certaine façon, bosser pour Amazon. Ça ne me fait pas forcément plaisir, mais je pense que ça permet d'analyser les choses de manière un peu plus intéressantes. Parce que pour l'auto-édition comme pour l'auto-entrepreneuriat, avec cette espèce d'ode à la liberté et à l'indépendance qu'on nous vend beaucoup en ce moment, les quelques arbres des « réussites éclairs » qui passent bien sous les feux des projecteurs ont tendance à cacher la forêt des précaires qui essaient de trouver ce qu'ils et elles peuvent pour gratter quelques euros de plus à la fin du mois.

Quelle licence libre (ou pas) choisir (pour de la fiction) ?

, 15:17

Ce texte est le dernier d'une trilogie de posts[1] qui parlent de licence libre pour la fiction, le premier étant Art, licence libre, édition et capitalisme : quelques réflexions et le second Textes sur Github, et réflexion plus personnelle sur l'intérêt d'une licence libre pour de la fiction.

Au départ, je voulais juste lister les différentes choses que j'aimerais voir dans une licence libre idéale, et dire laquelle j'allais choisir pour mes textes. Mais au final je me suis dit que ça pouvait être intéressant aussi de rappeler le type de clauses qu'on peut trouver dans ce genre de licences, parce qu'au vu des débats de ces derniers jours concernant (toujours) la publication par Glénat d'une BD « opensource », j'ai l'impression qu'il y a des choses qui ont été soit incomprises, soit négligées.

Cet article a aussi pour objectif de servir de base non pas pour que je rédige ma propre licence, mais pour préciser l'intention dans laquelle je diffuse certains textes sous ce type de licence. Si je me sens un peu poussée à faire ça, c'est aussi parce qu'au cours d'un certain nombre de discussions par rapport à l'édition par Glénat de la BD Pepper & Carrot (diffusée sous licence libre), j'ai été un peu irritée de lire à plusieurs reprises que critiquer l'utilisation d'une œuvre par une grande entreprise revenait à critiquer le choix de licence de l'auteur, ou que quelqu'un qui placerait une création sous licence libre devrait bien accepter un usage légal qui en est fait puisqu'il ou elle l'autorise. Ma position, c'est qu'il est impossible de mettre dans une licence tous les usages que je ne souhaiterais pas voir faits d'une création (que ce soit parce qu'il est difficile de les prévoir exhaustivement, et parce qu'il y a des chances que ces clauses soient jugées trop arbitraires, floues, etc.) mais que ça ne veut évidemment pas dire que je m'interdis le droit de critiquer un tel usage si je juge qu'il est néfaste (que ce soit pour moi, pour la société, pour les petits chats, etc.).

Voilà, ceci étant dit, je vais lister quelques clauses qui me semblent importantes dans une licence libre.

Note

[1] Oui, j'ai bien conscience que c'est parfaitement ridicule et outrancièrement pompeux de parler de trilogie pour des billets de blog.

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Billets connexes

Art, licence libre, édition et capitalisme : quelques réflexions

, 05:44

Un article publié sur S.I.Lex, Pepper et Carrot : une bande dessinée Open Source publiée chez Glénat, a suscité pas mal de discussion et un peu de controverse entre libristes, aut·eur·ice·s, et aut·eur·ice·s libristes. J'avais envie de revenir dessus pour tenter de formuler mes réflexions un peu plus clairement que sur Twitter, parce que je pense que ça soulève des questions intéressantes.

Histoire du logiciel libre

Avant de parler de ce cas précis, revenons un peu en arrière pour examiner ce que le principe d'une licence libre, ce qui veut dire parler un peu d'où a émergé l'idée, c'est-à-dire du monde du logiciel.

À l'époque préhistorique où l'informatique n'était qu'émergente, la plupart des programmes circulaient sous forme de code source sans qu'il y ait vraiment d'attention porté à la propriété du code, pour différentes raisons : les logiciels venaient beaucoup du monde de la recherche et pas encore des industries, les systèmes d'exploitation offraient moins de sécurité mémoire ou de moyens de vérifier ce que faisait un programme donc il était préférable de pouvoir regarder le code source pour s'assurer que ça n'allait pas tout faire péter, etc.

Ensuite, les choses ont commencé à changer, il y a eu l'idée qu'un programme appartenait à une entreprise et que n'importe qui n'avait pas à mettre son nez dedans pour regarder comment c'était foutu et éventuellement l'adapter à ses besoins.

Cela dit, ça posait des problèmes. Parmi ceux-ci, il y a l'histoire d'une imprimante qui ne pouvait pas être réparée parce que le code source du logiciel n'était pas disponible. En 1983, le projet GNU (GNU is Not Unix) naît, impulsé par Richard Stallman, et la Free Software Foundation est créée en 1985. Celle-ci se donne comme objectif d'assurer quatre libertés fondamentales à l'utilisat·eur·rice d'un programme informatique :

  1. La liberté d'utiliser le programme comme tu en as envie et pour faire ce que tu veux ;
  2. La liberté d'étudier comment ce programme marche, et notamment pour ça d'accéder à son code source ;
  3. La liberté de redistribuer des copies pour que tu puisses aider ton voisin (c'est comme ça que c'est dit) ;
  4. La liberté de distribuer des copies des versions modifiées que tu as faites.

Par ailleurs, l'idée est de lutter pour que tous les logiciels soient libres. C'est pour ça que la GNU General Public License (GPL), favorisée par la Free Software Foundation inclut une clause « virale » de copyleft : tu as le droit de redistribuer le logiciel, et sous des versions modifiées, mais à condition de donner les mêmes droits à l'utilisatrice, c'est-à-dire, sous la même licence.

Logiciel libre VS Open-source

Le projet GNU va connaître un certain succès, notamment lorsque le noyau Linux sort et permet en utilisant les deux ensemble d'avoir un système d'exploitation complet capable de faire fonctionner votre ordinateur : GNU/Linux, et qui est maintenant disponible avec plein de distributions différentes et ne nécessite plus un bac+5 en informatique pour être utilisable.

À la fin des années 90, le terme open-source commence à être utilisé. Sur un plan purement technique, il n'y a pas de différence fondamental avec le logiciel libre : une licence open-source est libre, une licence libre est open-source. En revanche, les motivations qui sont derrières sont différentes : là où le but du logiciel libre était de libérer l'utilisateur, l'open-source met surtout en avant un modèle coopératif qui marche mieux, qui permet aux entreprises de développer plus rapidement du code plus performant. Là où les défenseurs et défenseuses du logiciel libre poussent pour que le code distribué soit sous licence copyleft, pour assurer qu'une version modifiée ne puisse être « verrouillée », le camp de l'open-source insiste que ce n'est pas négatif, et que cela peut pousser les entreprises à contribuer à la version originale (mainstream) du projet tout en commercialisant sous licence propriétaire une version modifiée. Des tas de boîtes ont maintenant inclu ça dans leur business model en publiant une partie de leurs programme sous licence open-source : Google, Apple, et même Microsoft.

Un peu d'analyse politique en terme d'exploitation

Ni le logiciel libre, qui vise uniquement la liberté de l'utilisat·eur·rice, ni l'open-source, plus corporate friendly, ne se posent la question de l'exploitation que peut ou pas engendrer ces licences. Dans les deux cas notamment, rien n'interdit à quelqu'un de commercialiser le programme : une licence qui ne permet pas une utilisation ou une diffusion commerciale n'est pas libre.

En revanche, en favorisant des licences qui n'incluent pas de clause copyleft, l'open-source favorise l'exploitation des contributeurs et contributrices, et je pense que c'est d'ailleurs un des objectifs : si j'utilise une bibliothèque open-source de MegaCorp, et que je propose une amélioration qui correspond à mes besoins, et que cette entreprise peut ensuite utiliser cette amélioration dans les logiciels propriétaires qu'elle commercialise, alors de fait j'ai fait du travail gratuit pour MegaCorp. La clause de copyleft n'empêche pas cette exploitation, mais elle la minore un peu : au moins, je sais que les améliorations que j'ai pu apporter ne seront utilisées que dans des logiciels libres, que je pourrais à mon tour utiliser et améliorer. Ça n'empêche pas la boîte de faire de l'argent sur mon travail, mais au moins en contrepartie je peux utiliser ses améliorations à mon travail.

Malheureusement, cette question de l'exploitation est rarement abordée dans le milieu FLOSS (Free, Libre & Open-Source Software). Pire (oui, j'ai un point de vue orienté sur le sujet), j'ai l'impression que ces dernières années le courant open-source est devenu plus majoritaire et que les licences les plus populaires sont celles qui ne mettent aucun verrou sur des dérivés propriétaires par des entreprises.

Les licences libres pour l'art et la culture

À côté de ça, les licences libres ou open-source se sont étendues en dehors du monde de l'informatique, et on a vu l'apparition (entre autres) d'abord de la GNU Free Document License (FDL), utilisée d'abord pour les documentations techniques du projet GNU, puis par Wikipedia (et par d'autres projets, évidemment), puis des licences Creative Commons, qui sont une famille de licences dont certaines sont libres, d'autres pas (les clauses « pas d'utilisation commerciale » et « pas de modification » ne sont pas libres), certaines avec une clause copyleft (« partage dans les mêmes conditions »), d'autres pas.

On notera que la définition des quatre libertés ne peut pas s'appliquer exactement de la même manière que pour les logiciels : la question de la liberté d'utilisation ou de la liberté d'étudier l'œuvre ne s'appliquent pas vraiment pour un roman ou une bande dessinée[1]. Les libertés de pouvoir redistribuer l'œuvre et de la modifier restent pertinentes, et personnellement je trouve intéressant que des romans, des bandes dessinées, etc. soient diffusés sous ces licences. Je l'ai d'ailleurs fait moi-même, avec Pas tout à fait des hommes et Noir & Blanc, diffusés sous la plus très populaire Licence Art Libre.

Cependant, je pense que la situation n'est pas forcément la même que l'informatique. D'abord parce qu'un roman sous droit d'auteur classique n'est néfaste comme un logiciel propriétaire peut l'être (un roman ne risque pas de supprimer toutes vos données personnelles, d'envoyer votre numéro de carte bleue ou d'avoir une backdoor de la NSA[2]). Ensuite l'aspect collaboratif n'a en général pas la même ampleur (le simple programme affichant « Hello, world! » implique déjà l'utilisation de bibliothèques écrites par d'autres personnes et pour lesquels des problèmes de licence peuvent potentiellement se poser, alors qu'il est possible d'écrire tout un cycle de fantasy sans avoir à utiliser la moindre ligne écrite par quelqu'un d'autre). Et je pense aussi que la situation financière des auteurs/autrices et celle des informaticien·ne·s n'est en général pas la même, ce qui fait que je peux comprendre que des auteurs et autrices ne voient pas forcément d'un bon œil l'annonce d'« une bande dessinée Open Source publiée chez Glénat ».

Où on finit enfin par revenir au sujet

Examinons donc un peu cette situation. Il y a une personne, David Revoy, qui a publié une bande dessinée, Pepper & Carrot, sous licence CC-BY, donc licence open-source sans clause de copyleft. Cette bande dessinée a un certain succès, a connu des traductions grâce au fait que la licence soit libre, et permet a son auteur de gagner pas mal d'argent grâce à du financement participatif. Et c'est plutôt bien, tant mieux pour lui.

Là où le titre de l'article Une bande dessinée Open Source publiée chez Glénat est un peu trompeur, c'est que Glénat ne publie pas vraiment une version open-source, mais, grâce à l'absence de clause copyleft, une version légèrement différente pour justifier une certaine plus-value. Cette version n'est pas libre ni open-source.

Donc, est-ce qu'il y a vraiment à se féliciter de ça ? Je ne trouve pas. Plus qu'autre chose, ça s'inscrit dans la tendance de pas mal de gros éditeurs à se reposer sur des œuvres qui connaissent le succès par d'autres biais plutôt que d'aller faire leur boulot de découverte. Si Glénat avait publié une BD sous licence libre qui était diffusée sur une page web à 20 vues par mois, peut-être que je pourrais saluer leur travail, mais là je ne vois rien de bien enthousiasmant.

Je ne trouve pas non plus que la décision de Glénat de rétribuer l'auteur (350€ par mois) ou d'avoir modifier l'œuvre en concertation avec lui alors qu'ils n'étaient pas obligés soit particulièrement généreuse. J'imagine que Microsoft paie ses développeurs plus que le salaire minimal sans y être obligés, mais dans les deux cas je doute que ce soit uniquement par bonté d'âme.

On revient pour le coup sur la différence entre logiciel et roman ou BD : contrairement au logiciel, une BD ou un roman reste associé·e fortement à un, ou deux, ou éventuellement trois auteur/autrice(s) et peu à l'éditeur. Ce n'est donc pas dans l'intérêt d'un éditeur qui veut diffuser un bouquin à une échelle un peu importante de ne pas s'assurer la coopération de l'auteur. Pourquoi risquer que des médias mettent en avant que l'auteur ne gagne rien sur l'œuvre, celui que l'auteur décourage d'acheter la version papier, alors que pour quelques dollars de plus tu peux faire en sorte qu'il fasse de la promo et t'assurer en prime une image positive ?

Bref, autant en tant que « libriste » je suis plutôt contente du succès de cette BD et que son auteur puisse en vivre comme ça, autant je ne comprends pas vraiment comment cette publication par Glénat peut être vue comme quelque chose de génial ni même de spécialement novateur (après tout, les éditeurs publient depuis longtemps des livres dont le contenu est dans le domaine public et donc « open-source » de fait).

Après, en tant qu'autrice, je ne pense pas non plus que l'utilisation pour des romans ou des BDs de licences libres/open-sources (même sans clause copyleft) soient vraiment une grosse menace pour les revenus, même si ça venait à se répandre. Pourquoi prendre le risque que l'auteur/l'autrice refuse de faire la promo, voire fasse de l'« anti-promo », alors qu'il y a tellement moyen de jouer sur le « vous avez de la chance d'être édité·e » pour s'assurer de son soutien, de son temps pour faire des dédicaces, etc. sans que ça coûte tellement plus cher ? Je pense que le vrai problème, il n'est pas dans l'utilisation des licences libres, mais dans cette idée que le moindre sou que dépense un éditeur pour l'auteur est un acte de générosité.

Je trouve que sur ce coup-là, la rémunération de Glénat est bien faible par rapport au nombre d'exemplaires tirés et ce qu'une avance et une part de droits d'auteurs décentes devraient être s'il y avait un contrat classique ; mais d'un autre côté, ce n'est pas un contrat d'édition classique qui garantit la décence de la rémunération, puisque des droits d'auteurs minimes, des avances inexistantes (voire des droits d'auteurs qui ne sont payés que si une certaine somme ou un certain nombre de livres vendus sont dépassés, donc l'équivalent d'une avance négative), c'est des pratiques qu'on trouve ailleurs, qui sont tout à fait légales, et où pour le coup l'auteur cède en plus tous ses droits sur ce qu'il a fait, donc ne peut pas gagner d'argent ailleurs (sur cette œuvre). Est-ce qu'il faut encenser Glénat parce qu'il y a d'autres éditeurs qui font pire ? Certainement pas. Mais je ne pense pas non plus que les auteurs et autrices devraient craindre spécialement que l'utilisation de licences libres se répande.

Après, c'est évident que l'émergence de l'auto-édition, d'autres formes de financement, (qui marchent plus ou moins bien), du numérique, les changements dans les modes d'impression, tout ça bouleverse un peu le jeu et qu'il y en a à qui ça va profiter et d'autres qui payer les pots cassés.

Est-ce qu'en soit cette évolution est positive ou pas ? Je pense que ce n'est pas vraiment la question. Dans un article sur les licences libres, je devrais peut-être citer Richard Stallman, mais là-dessus je pense que c'est deux autres barbus qui s'expriment le mieux :

La bourgeoisie n’existe qu’à la condition de révolutionner sans cesse les instruments de travail, par conséquent le mode de production, par conséquent tous les rapports sociaux. La conservation de l’ancien mode de production était, au contraire, la première condition d’existence de toutes les classes industrielles précédentes. Ce bouleversement continuel des modes de production, ce constant ébranlement de tout le système social, cette agitation, cette insécurité éternelles, distinguent l’époque bourgeoise de toutes les précédentes. Tous les rapports sociaux traditionnels et profondément enracinés, avec leur cortège de croyances et d’idées admises depuis des siècles se dissolvent ; les idées et les rapports nouveaux deviennent surannés avant de se cristalliser. Tout ce qui était stable est ébranlé, tout ce qui était sacré est profané, et les hommes sont forcés enfin d’envisager leurs conditions d’existence et leurs relations mutuelles avec des yeux désillusionnés.

(Karl Marx et Friedrich Engels, Manifeste du parti communiste, traduction de Laura Lafargue, citation prise sur Wikisource)

Notes

[1] Quoique, avec les DRM qui veulent interdire de faire ce qu'on veut des livres numériques qu'on a achetés, ça peut se discuter.

[2] Là encore, avec les livres numériques sous DRM, ce n'est pas tout à fait vrai, puisque la lecture du livre sous DRM implique l'utilisation d'un logiciel qui peut tout à fait avoir ces soucis, mais c'est un autre sujet.

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Pierre Gattaz a vendu 25 livres. À une vache près. Une grosse vache. Les mathématiques, c'est pas une science exacte.

, 15:14

C'es un peu devenu un marronier : régulièrement, je vois des articles fleurir sur telle personnalité politique qui a fait un flop dans son dernier livre. Des articles nous annoncent des chiffres très décevants mais aussi très précis. L'année dernière, c'était Boutin qui n'avait vendu que 38 exemplaires, là c'est Gattaz qui n'en a vendu que 25 en deux semaines.

Personnellement, je n'ai pas beaucoup de sympathie pour Gattaz ou Boutin, mais au-delà de l'envie de faire « Ha ha ! » j'avoue que ces chiffres super précis m'interrogeaient : personnellement, en tant qu'autrice, pour un livre édité, les chiffres de vente je les ai qu'une fois par an et même là c'est pas très précis parce ça correspond au nombre de ventes à des librairies et qu'il peut y avoir des retours. Donc avoir un chiffre de toutes les ventes super précis et pratiquement en temps réel, autant dire que ça m'intéressait.

Comment ça marche, ces chiffres de vente ?

Malheureusement, autant vous le dire tout de suite, ça ne marche pas aussi bien. Ce qu'oublie de dire la plupart des titres d'articles c'est qu'il s'agit d'une estimation, qui vient de GFK pour le livre de Boutin et d'Edistat pour celui de Gattaz. Je vais prendre l'exemple de ce dernier que je connais (très) vaguement mieux.

En gros l'idée c'est de prendre un panel de libraires représentatifs (1300), incluant des librairies, des grandes surfaces alimentaires et des grandes surfaces spécialisées (genre FNAC je suppose). Ils rapportent le nombre de ventes, j'imagine qu'il y a une règle de trois impliquée à un moment pour rapporter ça à tous les libraires de France, et voilà, on a un chiffre.

Les petits problèmes

En soi, ça permet d'avoir une estimation, ce qui peut être pratique pour des éditeurs pour avoir une idée en temps réel, voire pour des auteurs. C'est le business d'Edistat : tu veux connaître les chiffres d'un livre précis (hors le top et quelques autres chiffres qui fuitent), il faut payer. J'aurais bien essayer de regarder les chiffres pour Une autobiographie transsexuelle (avec des vampires) histoire de comparer avec les comptes que m'envoyait l'éditeur et voir si c'était fiable, mais c'était le prix d'une fiole d'e-liquide alors mon addiction à la nicotine est passée avant. J'ai regardé un peu sur des forums les retours qu'en faisaient des auteurs, de ce que j'ai pu lire c'est du genre « c'est plutôt fiable pour avoir une idée mais faut multiplier par un facteur pour que ça corresponde à la réalité ».

Donc, je sais pas si c'est fiable, mais en tout cas c'est une estimation, ce qui veut dire qu'au mieux il y a une marge d'erreur, mais c'est clairement abusé de parler de « 38 exemplaires vendus » qui sous-entendrait qu'on a un chiffre super précis. Quand tu dis « 38 » les gens ils comprennent « 38 » et pas « entre 20 et 60, à une vache près ».

L'autre souci, c'est sur ce que ça prend en compte. Ouais, il y a un panel de librairies « représentatives », mais ça prend pas en compte la vente par correspondance (au hasard, ce petit vendeur de livres encore pas très connu qu'est Amazon), pas les ventes directes sur des salons, etc. En soi c'est pas forcément gênant pour qu'un éditeur puisse savoir si le tome 5 du trône de fer se vend aussi bien que le précédent. Par contre, pour donner des chiffres de ventes précis, c'est un peu ballot. Surtout que j'imagine que des bouquins politiques on sort un peu du truc super « représentatif ». On peut supposer que des bouquins écrits par des auteurs qui sont des personnalités politiques et font des meetings se vendent en moyenne plus en vente direct à des meetings ou à des permanences de l'UMP que la dernière traduction de Neil Gaiman.

Bref

Tout ça pour dire que je veux pas casser l'ambiance : sans doute qu'on peut se réjouir que Pierre Gattaz ou Christine Boutin ne vendent pas beaucoup de livres, même si clairement il et elle n'ont pas franchement besoin de ce média pour faire passer leurs idées. Mais on peut peut-être éviter de prendre pour argent comptant des titres qui prétendent donner des chiffres super précis qu'en vrai personne n'est vraiment en mesure d'avoir en temps réél, pas même les éditeurs.

Ah, et aussi, achetez mes livres à moi. D'après une étude menée sur mes potes et rapportée à l'échelle de la population mondiale, ils se vendent en général à au moins cinq cents millions d'exemplaires, donc c'est qu'ils doivent être bien.

Pirate !

, 00:35

Apparemment, aujourd'hui c'est la « Journée Mondiale du livre et du droit d'auteur ». Ce qui m'a donné envie de ressortir une nouvelle que j'avais écrite il y a un bon bout de temps.

L'objectif était de dénoncer les DRMs : Digital Right Management. Pour reprendre la description de l'Electronic Fountier Foundation,  il s'agit de technologies qui cherchent à contrôler ce que vous pouvez faire et ne pas faire avec le matériel et les médias que vous avez achetés. Je crois qu'à l'époque était en train de passer le projet de loi qui empêchait de les contourner (y compris pour lire un DVD sous VLC). Cette nouvelle reprenait un personnage et l'univers de Pas tout à fait des hommes, qui était en cours d'écriture à ce moment là.

Le texte n'a pas en soi une grande qualité littéraire, mais je trouvais amusant de le ressortir des archives parce qu'à l'époque où je l'avais écrit, le livre numérique n'existait pas encore vraiment et que ça concernait surtout les musiques et les films. À l'heure actuelle, « grâce » à un certain nombre d'éditeurs qui imposent des DRMs sur leurs livres numériques, la métaphore de livres qu'on achète mais qu'on ne peut pas lire ne relève plus vraiment de l'imaginaire...

Vous pouvez lire cette nouvelle ici, ou juste ci-dessous avec une mise en page un peu plus médiocre.


Pirate !

Kalia entra dans la petite librairie et jeta un coup d'œil aux rayonnages. Il n'y avait pas un énorme choix, et il se limitait aux livres les plus connus, mais l'elfe se décida tout de même pour un recueil de poésie.

Ce fut au moment de payer, quand elle le posa sur le comptoir, en face du vendeur, que Kalia remarqua quelque chose de bizarre sur la couverture. Il était inscrit, en petit caractères : « livre protégé ».

— Ça veut dire quoi, ça ? demanda-t-elle au vendeur.

— Oh, ce sont les nouveaux livres, expliqua le vendeur. Ils sont protégés contre le piratage.

Kalia fronça les sourcils.

— On n'est pas un peu loin des côtes, pour se soucier du piratage ? Et ce n'est pas plutôt le bateau qui devrait être protégé ?

— Pas ce piratage là, expliqua le vendeur. Le livre ne peut pas être dupliqué.

Là, l'elfe comprenait mieux. Elle avait en effet entendu parlé d'une invention d'un mage nommé Delatoile qui permettait, par un processus qu'elle ne comprenait pas, de copier instantanément le contenu d'un livre sur du papier vierge. Ça ne la gênait pas plus que ça, étant donné qu'elle ne comptait pas utiliser cette invention.

— Moi, fit-elle, tant que je peux le lire...

— Ah, justement, fit le vendeur. La protection empêche la lecture à l'œil nu. Pour le lire, vous aurez besoin de ces lunettes.

Ça, ça la gênait plus, déja. Elle n'avait aucune envie de payer des lunettes en plus d'un livre qu'elle avait déjà acheté. Elle entrouvrit le livre pour examiner en quoi consistait la protection, et découvrit un entrelas de lignes vertes et rouges.

— Oh, fit-elle, je connais ce truc. Il faut mettre des verres de la bonne couleur, c'est ça ? J'ai des verres teintés chez moi, ça va être un peu pénible, mais...

— Je dois vous prévenir, coupa le vendeur, que leur utilisation sur ce livre est passible de prison.

— Quoi ? s'étonna Kalia. Mais pourquoi ? Ça n'a pas de sens !

— Cela correspondrait à une violation du dispositif anti-protection.

— Et vous ne voulez pas que je vous restitue mes verres teintés, tant que vous y êtes ?

— Et bien, fit le vendeur, ça serait le mieux. Pour montrer que vous n'êtes pas une pirate, hein ?

Kalia soupira. Elle n'avait jamais ressenti le besoin de se mettre un bandeau sur l'œil, de gueuler « à babord toute, mon capitaine ! », ou d'avoir une jambe de bois. À vrai dire, elle était malade en mer.

Par contre, arborer un drapeau noir et aller massacrer au canon les types qui avaient eu cette idée de loi, ça commençait à la tenter sérieusement.

Ce texte est libre : vous pouvez le copier, le diffuser et le modifier selon les termes de la Licence Art Libre, version 1.3 ou ultérieure.

Bilan (chiffré) auto-édition 2015

, 18:32

J'ai pas trop l'habitude de faire des bilans chiffrés des ventes, principalement parce que je n'en vois pas trop l'intérêr, mais je me dis que ça peut éventuellent intéresser d'autres auteurs et autrices auto-édité·e·s (ou qui envisagent de l'être), et puis en plus ça fait un article vite écrit, donc, ta-da, les chiffres de vente de mes bouquins auto-édités en 2015.

Quelques remarques :

  • C'est pas folichon.
  • Ça ne prend pas en compte les ventes d'Une autobiographie transsexuelle (avec des vampires), puisque c'est un livre édité par Dans nos histoires et pas auto-édité.
  • Les trois livres référencés ci-dessus sont aussi disponibles à prix libre sur ce site, avec l'idée que vous pouvez télécharger gratuitement mais que si ça vous plait vous pouvez faire un don en échange. Du coup il n'y a pas vraiment de notion de « vente » mais quelques personnes m'ont soutenue par ce biais, merci à elles !

Convertir des epub en PDF pour sa liseuse ?

, 21:05

Une fois n'est pas coutume, je vais plutôt parler lecture que écriture, et plus particulièrement lecture sur liseuse, des différents formats, et de comment faire des conversions de l'un à l'autre.

Lire la suite...

À propos de gratuité

, 11:00

Il y a quelques temps, j'avais vu passer un article en deux parties de Thibault Delavaud, intitulé La gratuité, pire ennemie de l'auteur indé. J'avais, à l'époque, eu envie d'écrire une petite réaction dessus, puis comme un certain nombre de choses que j'avais pour projet d'écrire, je l'avais remis à plus tard.

Il y a quelques jours, j'ai vu passer un article du même auteur qui revenait un peu là-dessus, Le mythe de la rémunération de l'auteur, et là j'ai une insomnie, donc je me suis dit que c'était le bon moment.

La gratuité, dangereuse pour les auteurs ?

Si je résume les arguments en essayant de ne pas les déformer, la gratuité n'est un outil valable pour un auteur que dans des cadres, grosso-modo, de promotion de ce qui est payant, soit en limitant la gratuité dans le temps afin de faire de la pub pour que le livre se vende mieux, soit en distribuant un livre gratuitemet afin que les lecteurs qui l'auraient découvert aient envie de lire la suite ou les autres livres de l'auteur, et pour cela mettent la main au porte-feuilles. Par ailleurs il y a l'idée que la gratuité est sur-estimée et que ce n'est pas parce que vous mettez votre chef d'œuvre en ligne gratuitement que ça va faire un buzz de ouf.

Dans l'absolu, je pense que si vous essayez de vous faire de l'argent en vendant vos livres, ce n'est pas une stratégie absurde et je suis assez d'accord sur les limites de la gratuité comme outil de promotion.

Ce qui me pose plus question, c'est qu'il y a aussi l'idée que tout travail mérite salaire et que, si vous distribuez gratuitement vos livres, vous contribuez à fragiliser l'industrie du livre et, en gros, à faire en sorte que beaucoup d'auteurs n'arrivent pas à vivre de l'écriture.

Alors évidemment, vu que d'une part je propose gratuitement à disposition une bonne partie de mes textes (même si des fois je préfère dire que c'est à prix libre, mais dans les faits ça revient à pouvoir les télécharger gratuitement), et d'autre part que je n'ai pas envie de foutre mes « camarades auteurs » dans la merde, ça m'interroge.

Les textes gratuits cassent-ils le marché ?

Ce qui m'a amené à me poser la question : est-ce que les textes gratuits « cassent le marché », et donc la rémunération des auteurs ? Sauf que je pense, à la réflexion, que la question est, comme cela, assez mal posée.

Déjà, mettons qu'on se dise « je vais lire un livre, n'importe lequel, je vais donc prendre le moins cher » ; soit, mais dans ce cas, est-ce que la plupart des gens se tournent vraiment vers des auteurs auto-édités inconnus, plutôt que de piocher dans les nombreux auteurs classiques tombés dans le domaine public et reconnus comme d'une grande qualité littéraire et qu'il est bon d'avoir lu ? Je n'en suis pas persuadée.

Surtout, je pense que la plupart du temps, on a envie de lire un livre donné, ou un livre d'un·e auteur·e donné·e, parce qu'on en a entendu parler, parce qu'un·e ami·e l'a trouvé génial, parce qu'il a eu une super bonne critique, ou alors parce qu'on est fan de la série télé qui en a été adaptée.

Autant dire que dans ce cadre, oui, la gratuité (ou un pris très faible) peut-être un élément un peu déloyal mis en place par un grand éditeur qui s'en sert pour inonder le marché, en investissant de l'argent dans la publicité, les médias, etc. Mais je doute que cette faculté de « casser le marché » soit la même pour les petits auteur·e·s auto-édité·e·s qui diffusent leur livre gratuitement puisque de toute façon tout l'argent qu'ils pourraiennt gagner avec c'est 15,24€ et un mars.

L'auteur indé doit-il être petit patron ?

Bref, ce qui me gêne avec les articles sus-mentionnés, c'est que ça donne l'idée que la gratuité « dangereuse » vient avant tout des petits auteurs auto-édités et pas des campagnes de promotions agressives menées par des entreprises qui ont un peu plus de pouvoir sur le « marché »[1]. Et j'ai l'impression que ce n'est pas la première fois que je vois une certaine tendance à pointer du doigt les « amateurs » d'un domaine qui feraient du tort aux « professionnels ».

Comme je le disais en introduction, je ne trouve pas les conseils sur l'utilisation de la gratuité absurdes pour des auteur·e·s qui désirent se faire de l'argent avec leurs œuvres. Ce qui me pose question, en revanche, c'est que ce soit le seul modèle envisageable, et quand bien même l'auteur reconnaît dans son article que la majorité des auteur·e·s ne vivent pas de leur plume et que « si vous ne gagnez pas votre vie avec la vente de vos livres, ne désespérez pas, c’est tout à fait normal ». Dans ce cadre, est-il vraiment si absurde que le fait de faire de l'argent et des ventes ne soit pas forcément l'objectif principal d'un certain nombre d'auteurs dits « amateurs » ?

Certes, on peut dire que « tout travail mérite salaire », et certes il est très difficile pour un·e auteur·e de faire en sorte que son écriture soit considérée comme un travail légitime. Pour autant, est-ce qu'il faut forcément considérer l'écriture comme un travail ? Est-ce que tout processus créatif doit forcément être monétisé ?

Ça rejoint quelque chose qui me gêne dans beaucoup de discours que je vois passer sur l'auto-édition : le fait de vouloir absolument s'éloigner de ce qui peut relever de l'amateurisme ou du DIY (j'avais écrit un article il y a quelques temps sur les liens que je voyais entre auto-édition et DIY) et où il faut penser commercial, marketing, professionalisme. Au final l'auto-éditeur doit se muer en auto-entrepreneur, voire en petit patron : comment espérer faire des ventes avec une couverture peu attractive ? il faut bien recruter un graphiste professionnel (stagiaire si possible, ça réduira vos frais).

En soit, ça ne me pose pas de problèmes que des gens aient cette approche[2] (et je confesse que j'ai le cul un peu entre deux chaises là-dessus), mais ce qui me gêne c'est que ça devient le seul discours et au final la seule possibilité dans ce domaine. Vous voulez essayer de vous faire de l'argent avec vos livres ? Ok, ça ne me pose pas de problème, franchement, je comprends, un peu d'argent, surtout quand on n'en a pas beaucoup, c'est toujours ça de pris. Mais si vous considérez que l'écriture c'est un loisir, que vous avez envie de diffuser des textes gratuitement, ben très bien aussi. Oui, même si vous estimez en votre âme et conscience que c'est pas un niveau « profesionnel » et qu'il y a quelques maladresses et sans doute quelques coquilles. Et même si vous mettez comme couverture le dessin que votre petit frère a fait sous Paint et que vous, vous trouvez cool mais qui, objectivement, n'est pas du niveau d'un·e graphiste professionnel·le.

Je ne pense pas que faire ça nuise aux auteur·e·s qui essaient d'en vivoter ou tout du moins de gagner un peu d'argent, de même que je ne pense pas que le groupe de punk qui joue à prix libre dans un squat mette en danger les revenus de Johnny Hallyday ou de groupes de musique semi-professionnels. On pourrait cependant, à juste titre, m'objecter qu'un certain nombre de textes gratuits sont diffusés sur Amazon ou Kobo, qui sont loins d'être des squats autogérés et qui, eux, ne se privent pas pour s'en servir d'argument de vente. Cela dit il me semble que le problème est dans ce cas plus lié à une question d'indépendance[3] que de gratuité.

Comme avec les pirates, je pense que c'est prendre le problème par le mauvais bout que de cibler les auteur·e·s qui diffusent gratuitement leurs textes. Il me semble que si on veut s'interroger sur la gratuité et ses conséquences, on pourrait commencer par regarder d'un peu plus près non pas les gens qui créent du contenu gratuitement mais les entreprises qui se font du beurre sur ce contenu, qu'il s'agisse d'Amazon pour les livres mais également de Facebook, Tumblr, Twitter, Wordpress, etc., ou encore des phénomènes comme le crowdsourcing, la récupération commerciale du « participatif » qui camoufle souvent un travail gratuit, etc. (Et tant qu'à faire on pourrait s'interroger sur la propriété privée des moyens de production, et conclure par Vive la sociale !, mais je m'enflamme un peu.)

Notes

[1] Ou, pour élargir hors du domaine du livre, des entreprises qui proposent un service censément « gratuit » mais où vous êtes le produit.

[2] Du moins, le fait de considérer l'auto-édition comme une possibilité de se faire de l'argent, je ne cautionne évidemment pas l'exploitation de stagiaires.

[3] De plus en plus difficile à atteindre en ces temps où, pour avoir une chance d'être lu·e, il faut passer par Amazon pour les livres et par Facebook ou Twitter pour les articles de blog.

Lettre aux vilains pirates et autres téléchargeurs de livres

, 15:11

Cher·e téléchargeu·r·se de livres,

On ne se connaît pas, ou peut-être que si, peu importe, mais j'ai envie de t'écrire cette petite lettre parce que j'ai vu une lettre d'auteur sur ce sujet pour expliquer à quel point les méchants lecteurs qui pirataient des livres étaient responsables de la pauvreté des auteurs ; et je ne me situe pas dans la même perspective.

D'abord, je voudrais te dire que j'ai bien conscience que « téléchargement » ne veut pas dire piratage. Un drôle de mot, d'ailleurs, piratage, pour parler que de ce qui n'est jamais qu'un téléchargement illégal. Mais admettons que tu télécharges illégalement des livres et, pire, que tu télécharges illégalement mes livres.

Ce n'est pas terrible.

D'abord parce qu'il se trouve que jusqu'à présent les bouquins que j'ai écrits sont disponibles en téléchargement légal, soit sur ce site, soit sur le site de l'éditeur, parce que j'ai un éditeur qui est cool et qui pense à l'accès à lecture pour les gens qui ont pas de thune. Donc dans ces conditions, ce serait un peu con d'aller te faire chier à les télécharger illégalement. Cela dit, ça ne sera peut-être pas le cas pour tous mes bouquins, et peut-être qu'à un moment tu auras envie d'enfiler un bandeau noir et de pirater une de mes œuvres.

Alors franchement, si tu as de la thune, et que je te permets, grâce à ce que j'écris, de passer un bon moment, je trouverais ça sympa que tu m'en files un peu. De manière générale, je trouverais ça cool que les gens qui le peuvent achètent plus de bouquins, si possible d'auteurs qui ne sont pas des best-sellers, si possible publiés par des petits éditeurs alternatifs, si possible en passant par une librairie indépendante plutôt que par Amazon.

Après, des fois c'est compliqué, je comprends. Des fois t'as pas de thune, des fois Amazon c'est quand même le plus simple, et des fois t'as envie d'acheter le dernier bouquin dont tout le monde parle plutôt qu'un truc obscur que t'es pas sûr·e d'aimer. Je comprends. Je fais pareil.

Mais c'est vrai que c'est pas terrible.

Après, laisse-moi t'expliquer pourquoi, même s'ils n'étaient pas disponibles en téléchargement légal (et le fait que ce soit légal ou pas ne change pas grand chose au final si on considère qu'une lecture téléchargée gratuitement est forcément un manque à gagner pour l'auteur), je ne pleurerais pas trop si tu piratais un de mes bouquins. Ça veut dire parler un peu de la rémunération des auteurs.

En gros, la plupart du temps, pour des éditions papier, un auteur touche un « à valoir ». C'est de l'argent que tu touches avant la parution du livre, et qui correspond à une sorte d'avance sur les droits d'auteur. Ensuite, tu touches des droits d'auteurs sur chaque vente, sauf qu'en fait tu ne les touches pas vraiment, puisque ça rembourse l'à-valoir. Pour vraiment toucher les droits d'auteurs sur les ventes, il faut donc dépasser un certain nombre de ventes. Ça n'arrive en fait pas forcément très souvent.

(Un petit aparté pour les éditions numériques : j'ai l'impression que les éditeurs numériques ont souvent tendance, eux, à ne pas filer d'à-valoir du tout. Ça, tu vois, cher·e téléchargeu·r·se de livres, c'est de mon point de vue pire que pas terrible, et en terme de rémunération des auteurs je pense que ce genre de pratique éditoriale est plus dommageable que tes petits piratages, mais il n'est pas de bon ton de trop critiquer les éditeurs quand tu veux essayer de leur refourguer tes bouquins. Oups.)

Autrement dit, concrètement, pour parler des livres qui sont édités (l'auto-édition étant un cas encore différent), tu peux pirater le livre, tu peux le chourrer dans une librairie qui l'a, tu peux faire une prise d'otages dans une librairie qui l'a pas pour demander à ce qu'on t'en donne un, ça n'a pas d'impact concret sur ma rémunération à moi. Ça ne veut pas dire qu'il faut faire tout ça, d'un côté parce que ça en aurait un peu sur celle de mon éditeur, qui est en l'occurrence un petit éditeur associatif qui n'est pas pété de thune ; et toi, de ton côté, tu risquerais de te faire choper et ça n'en vaut probablement pas la peine.

Il y a autre chose à savoir sur la rémunération des auteurs : elle n'est pas terrible. C'est très dur d'en vivre. Alors oui, c'est cool si tu files un peu de thune à des auteurs qui galèrent. Mais tu sais quoi ? Moi, par exemple, ma principale source de revenu c'est le RSA, pas les droits d'auteurs.

Alors je pourrais dire que c'est de ta faute, que si tu piratais pas le milieu de l'édition serait génial et que je pourrais me payer plein de trucs avec mes droits d'auteurs. Mais en fait, j'en doute. Alors je préfèrerais te demander de ne pas râler sur ces feignant·e·s d'assisté·e·s qui touchent des allocations au lieu de se trouver un vrai travail. Mieux, que tu pirates ou pas, tu sais ce qui serait super ? C'est de se mobliser quand les différents gouvernement font passer de nouvelles lois pour fliquer encore plus les chômeu·r·se·s, pour réduire leurs allocs, pour remettre en cause différents acquis sociaux ou démanteler le droit du travail.

Parce qu'au final, la défense corporatiste des intérêts des auteurs face à ceux de leurs lecteurs, je ne suis pas sûre que ça mène à grand chose, et quitte à réclamer de la thune à des gens, peut-être qu'on pourrait s'allier pour la prendre dans les poches de ceux qui en ont vraiment.

À propos des différents formats numériques

, 06:50

Remarque préliminaire : ce billet a pour but d'informer sur les différents formats numériques dans lesquels sont disponibles mes livres. Il ne s'agit donc pas de considérations globales sur les formats possibles pour le livre numérique, ou en tout cas celles-ci sont assez périphériques.

Les livres en téléchargement sur ce site

Un certain nombre de textess de fiction que j'ai écrits sont disponibles sur ce site, et peuvent être téléchargés gratuitement[1]. J'essaie, dans la mesure du possible, de les proposer sous plusieurs formats différents, pour correspondre aux différents usages :

  • le format PDF, qui est plutôt destiné à l'impression, mais peut aussi être adapté à la lecture sur ordinateur ;
  • le format HTML, qui est destiné à être lu à l'intérieur du navigateur, et me semble adapté soit pour des textes relativement courts, soit pour commencer un roman et voir si on aime avant de lancer une autre application ou de le transférer sur liseuse[2] ;
  • le format Epub, plutôt destiné à être transféré sur une liseuse mais qui peut aussi être lu sur d'autres supports (ordinateur, tablette, un de ces téléphones modernes qui fait le café).

Comme je l'ai dit, j'essaie. Ce qui implique que ce n'est pas forcément toujours parfait, et notamment que certains formats ne sont pas toujours disponibles (notamment en Epub, que j'essaie de produire systématiquement depuis assez peu de temps). Donc si, pour une raison ou pour une autre, vous observez des manques à ce niveau, comme par exemple si vous vous rendez compte :

  • qu'un texte donné n'est pas disponible au format Epub alors que vous aimeriez bien le mettre sur votre liseuse ;
  • qu'un fichier PDF a un format bizarre (par exemple en A6) et que ça ne vous arrange pas (sachant que par défaut j'essaie de générer du format A5[3], pour permettre une lecture correcte sur écran et d'imprimer en mode brochure avec deux pages par feuille, mais n'hésitez pas à critiquer si ça ne vous convient pas) ;
  • qu'il y a des problème de formatage dans le fichier ;
  • etc.

n'hésitez pas à me le signaler par mail (lizzie at crowdagger point fr). Même si c'est une tâche assez rébarbative, j'essaie d'être réactive là-dessus, donc vraiment, n'hésitez pas à me dire si vous aimeriez lire un texte sur votre liseuse mais que le bon format n'est pas disponible.

Pair ailleurs, n'hésitez pas à me signaler si vous voulez d'autres formats que PDF/Epub/HTML. Pour l'instant ce sont les formats qui me semblent le plus pertinents[4] mais s'il y en a d'autres auxquels je ne pense pas qui vous semble indispensables, n'hésitez pas à me contacter (par mail — voir ci-dessus — ou en commentaire ici-même).

Les livres en téléchargement sur des plate-formes de vente

Un certain nombre de mes textes sont également disponibles en téléchargement (payant ou gratuit) sur des plate-formes de vente, comme Kobo, Amazon, ou Ibookstore. Dans tous les cas, mes livres sont sans DRMs. Je suis en effet absolument contre les systèmes de Digital Rights Management, qui ont pour but de contôler ce qu'un utilisateur peut faire d'un media numérique[5]. Par conséquent, si un de mes livres est distribué avec des DRMs, c'est qu'il y a un problème ; merci de me le signaler pour que je puisse le corriger, et éventuellement vous fournir à la place une version qui ne soit pas verrouillée.

Notes

[1] Pour être honnête, j'essaie de mettre en place un principe de « prix libre » afin d'encourager mes quelques lectrices et lecteurs à donner une petite somme de leur choix en échange de ce téléchargement, mais d'une part vous pouvez, de fait télécharger ces textes gratuitement, et, d'aitre part, ce n'est pas le sujet de cet aticle.

[2] Après, vous pouvez aussi lire tout le roman en HTML dans votre navigateur, moi je m'en fous, c'est juste que je trouve que ça fait vite mal aux yeux.

[3] Mais je pense qu'une fois sur deux je me plante et j'envoie le format adapté à la dernière impression, qui peut être du A6, du 6x8 pouce, etc.).

[4] Il y aurait aussi le Mobi (lisible sur Kindle), mais, vu l'état actuel de mes compétences, je suis incapable de faire autre chose qu'une conversion du Epub avec Calibre, ce que vous pouvez tout aussi bien faire vous-même.

[5] Les DRM peuvent concrètement vous emmerder si vous avez envie de lire votre livre sur une liseuse d'une autre marque, si vous ne souhaitez pas utiliser le logiciel officiel que vous devriez utiliser, si vous voulez en faire une copie de sauvegarde, ou encore si le distributeur décide pour une raison arbitraire que vous n'avej plus le droit de llire ce bouquin. C'est notamment arrivé à un certain nombre de personnes qui ont vu Amazon retirer 1984 de leur liseuse, sans doute pour montrer que la réalité pouvait rejoindre la fiction.

Noir & Blanc maintenant disponible au format papier

, 17:32

blanc-noir.png

Depuis quelques temps, Noir & Blanc, un des premiers textes que j'ai écrits et qui est une sorte d'intrigue policière avec des éléments d'urban-fantasy, est disponible au format papier, pour environ cinq euros.

Il est également toujours possible de télécharger ce court roman sur ici-même.


Pour sa première enquête sur un meurtre, Mélanie est servie. Non seulement son amie (ou était-ce ennemie ?) d'enfance est apparemment impliquée dans cette sombre histoire, mais en plus il ne s'agit jpas d'un évènement isolé.

Mais le plus gênant, c'est que «Lumière Blanche», secte vouée à l'élimination des démons et autres créatures maudites, a décidé de reprendre l'affaire en main pour faire le ménage.

Son enquête va mener Mélanie plus loin qu'elle ne l'aurait pensé et qu'elle ne l'aurait voulu.

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