Le blog de Lizzie Crowdagger

Ici, je discute écriture et auto-édition, fanzines et livres numériques, fantasy et fantastique, féminisme et luttes LGBT ; et puis de mes livres aussi quand même pas mal
Home

Aller au menu | Aller à la recherche

Pierre Gattaz a vendu 25 livres. À une vache près. Une grosse vache. Les mathématiques, c'est pas une science exacte.

, 15:14 - Lien permanent

C'es un peu devenu un marronier : régulièrement, je vois des articles fleurir sur telle personnalité politique qui a fait un flop dans son dernier livre. Des articles nous annoncent des chiffres très décevants mais aussi très précis. L'année dernière, c'était Boutin qui n'avait vendu que 38 exemplaires, là c'est Gattaz qui n'en a vendu que 25 en deux semaines.

Personnellement, je n'ai pas beaucoup de sympathie pour Gattaz ou Boutin, mais au-delà de l'envie de faire « Ha ha ! » j'avoue que ces chiffres super précis m'interrogeaient : personnellement, en tant qu'autrice, pour un livre édité, les chiffres de vente je les ai qu'une fois par an et même là c'est pas très précis parce ça correspond au nombre de ventes à des librairies et qu'il peut y avoir des retours. Donc avoir un chiffre de toutes les ventes super précis et pratiquement en temps réel, autant dire que ça m'intéressait.

Comment ça marche, ces chiffres de vente ?

Malheureusement, autant vous le dire tout de suite, ça ne marche pas aussi bien. Ce qu'oublie de dire la plupart des titres d'articles c'est qu'il s'agit d'une estimation, qui vient de GFK pour le livre de Boutin et d'Edistat pour celui de Gattaz. Je vais prendre l'exemple de ce dernier que je connais (très) vaguement mieux.

En gros l'idée c'est de prendre un panel de libraires représentatifs (1300), incluant des librairies, des grandes surfaces alimentaires et des grandes surfaces spécialisées (genre FNAC je suppose). Ils rapportent le nombre de ventes, j'imagine qu'il y a une règle de trois impliquée à un moment pour rapporter ça à tous les libraires de France, et voilà, on a un chiffre.

Les petits problèmes

En soi, ça permet d'avoir une estimation, ce qui peut être pratique pour des éditeurs pour avoir une idée en temps réel, voire pour des auteurs. C'est le business d'Edistat : tu veux connaître les chiffres d'un livre précis (hors le top et quelques autres chiffres qui fuitent), il faut payer. J'aurais bien essayer de regarder les chiffres pour Une autobiographie transsexuelle (avec des vampires) histoire de comparer avec les comptes que m'envoyait l'éditeur et voir si c'était fiable, mais c'était le prix d'une fiole d'e-liquide alors mon addiction à la nicotine est passée avant. J'ai regardé un peu sur des forums les retours qu'en faisaient des auteurs, de ce que j'ai pu lire c'est du genre « c'est plutôt fiable pour avoir une idée mais faut multiplier par un facteur pour que ça corresponde à la réalité ».

Donc, je sais pas si c'est fiable, mais en tout cas c'est une estimation, ce qui veut dire qu'au mieux il y a une marge d'erreur, mais c'est clairement abusé de parler de « 38 exemplaires vendus » qui sous-entendrait qu'on a un chiffre super précis. Quand tu dis « 38 » les gens ils comprennent « 38 » et pas « entre 20 et 60, à une vache près ».

L'autre souci, c'est sur ce que ça prend en compte. Ouais, il y a un panel de librairies « représentatives », mais ça prend pas en compte la vente par correspondance (au hasard, ce petit vendeur de livres encore pas très connu qu'est Amazon), pas les ventes directes sur des salons, etc. En soi c'est pas forcément gênant pour qu'un éditeur puisse savoir si le tome 5 du trône de fer se vend aussi bien que le précédent. Par contre, pour donner des chiffres de ventes précis, c'est un peu ballot. Surtout que j'imagine que des bouquins politiques on sort un peu du truc super « représentatif ». On peut supposer que des bouquins écrits par des auteurs qui sont des personnalités politiques et font des meetings se vendent en moyenne plus en vente direct à des meetings ou à des permanences de l'UMP que la dernière traduction de Neil Gaiman.

Bref

Tout ça pour dire que je veux pas casser l'ambiance : sans doute qu'on peut se réjouir que Pierre Gattaz ou Christine Boutin ne vendent pas beaucoup de livres, même si clairement il et elle n'ont pas franchement besoin de ce média pour faire passer leurs idées. Mais on peut peut-être éviter de prendre pour argent comptant des titres qui prétendent donner des chiffres super précis qu'en vrai personne n'est vraiment en mesure d'avoir en temps réél, pas même les éditeurs.

Ah, et aussi, achetez mes livres à moi. D'après une étude menée sur mes potes et rapportée à l'échelle de la population mondiale, ils se vendent en général à au moins cinq cents millions d'exemplaires, donc c'est qu'ils doivent être bien.

4085 lectures

Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

Fil des commentaires de ce billet