Le blog de Lizzie Crowdagger

Ici, je discute écriture et auto-édition, fanzines et livres numériques, fantasy et fantastique, féminisme et luttes LGBT ; et puis de mes livres aussi quand même pas mal
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Petits changements de tarif : prix libre numérique, mais ça monte pour les fanzines

, 18:03 - Lien permanent

Pour faire bref, le cœur du message de ce billet de blog, c’est que les versions numériques des épisodes de La chair & le sang seront maintenant à prix libre, tandis que les versions fanzines seront beaucoup plus chères, à 10€.

Mais comme je n’aime pas faire bref, ce billet de blog vous expliquera aussi l’intérêt du prix libre, pourquoi je suis obligée d’augmenter les tarifs pour les fanzines (non, ce n’est pas juste pour me payer la Switch), et inclura également des râleries sur les tarifs de La Poste.

Passage au prix libre pour Les coups et les douleurs (version numérique)

Dimanche dernier, je publiais (pour l’instant uniquement pour les abonné·e·s Tipeee) Good cop, bad cop, deuxième épisode de La chair & le sang, série de fantasy urbaine lesbiano-garou-vampirique.

J’en ai profité pour bidouiller un peu avec Paypal et j’ai modifié les prix du premier épisode, Les coups et les douleurs. Celui-ci est donc maintenant disponible à prix libre : c’est vous qui décidez de ce que vous voulez mettre (et non plus 2,99€ comme c’était le cas avant). Cette possibilité est également disponible sur la plate-forme Smashwords, mais pas sur les grosses plate-formes comme Amazon ou Kobo qui continueront donc à demander un prix fixe. La même chose sera possible pour le second épisode lorsqu’il sera publié plus largement que pour les abonné·e·s, d’ici début avril.

Le prix libre, pourquoi ?

Je fonctionne déjà avec le principe du prix libre pour la plupart des textes publiés sur ce site, sur un mode un peu différent, puisque vous pouvez les télécharger librement (y compris gratuitement), et vous êtes invité·e à faire un don ou à prendre un abonnement de soutien si ça vous a plu.

Je voulais quand même un peu revenir là-dessus, parce que ça me paraît important. L’idée est de permettre de rendre la culture, ou le divertissement[1], accessibles à plus de monde. Y compris, donc, à des gens qui n’ont pas trop de moyens financiers, ce qui est d’autant plus important, à mon avis, pour des œuvres qui mettent en avant des personnages de lesbiennes, trans, etc., des communautés qui sont souvent marginalisées dans la fiction mais aussi, malheureusement, dans la réalité. Dans l’autre sens, je ne suis pas non plus quelqu’un qui roule sur l’or, et si je mets un prix vraiment pas cher ou gratuit, c’est moi qui vais être dans la galère (surtout, là encore, vu les thématiques abordées : la perspective de faire partie des best-sellers en écrivant ce genre d’histoire me paraît compliquée).

Le prix libre permet un compromis entre les deux : permettre aux gens qui n’ont pas les moyens de donner peu (voire rien dans certains cas), et aux gens qui ont une situation confortable de pouvoir donner plus. Ça permet de faire marcher la solidarité, et de mettre en pratique le vieil adage « de chacun·e selon ses moyens, à chacun·e selon ses besoins ».

S’il y a quelque chose dont je suis plutôt contente[2] dans ma « carrière d’écrivaine » (ce qui est un bien grand mot, évidemment) à ce stade, c’est que la très grande majorité de mes textes sont disponibles sans cette barrière, que ce soit pour les textes auto-édités sur ce site mais aussi pour Une autobiographie transsexuelle (avec des vampires) et Enfants de Mars et de Vénus, édités par Dans nos histoires, qui sont disponibles à la vente en version papier mais peuvent être lus en ligne gratuitement (version lyber) sur le site de l’éditeur.

Prix libre ou accès libre

Une petite différence que j’ai vite évoquée, mais qui n’est quand même pas négligeable, c’est la possibilité ou pas de ne rien donner. Par exemple Sorcières & Zombies peut être lu dans son intégralité en cliquant juste sur le lien adéquat, il y a simplement une mention comme quoi c’est sympathique de donner de l’argent si vous appréciez l’œuvre. À l’inverse, vous ne pourrez (normalement) pas lire Les coups et les douleurs sans avoir donné une somme, même symbolique ; avec les désagréments qui vont avec, de devoir sortir sa carte bleue ou se connecter à Paypal, qui peuvent rebuter beaucoup de gens (moi la première).

Là encore, après réflexion, j’ai décidé d’opter pour un compromis, cette fois-ci sur la durée. Je pense que d’ici quelques temps, ce texte passera en accès libre de manière similaire aux autres (sans doute en affinant un peu pour que ce soit moins facile de passer à côté du fait que c’est pas juste gratuit).

Augmentation des versions fanzines de La chair & le sang

Malheureusement, après tous ces beaux discours sur la nécessité d’être accessible financièrement, je suis triste de vous dire que je ne vais pas pouvoir aller dans le même sens pour ce qui est des fanzines. Au contraire, j’ai dû prendre la décision d’augmenter les versions fanzines de La chair & le sang (et peut-être les autres aussi, il faudra que je regarde ça d’un peu plus près).

Pourquoi ? Hé bien, au tout début, je pensais que vendre un fanzine 5€, port compris, c’était un peu cher et que j’abusais un peu. Malheureusement, la réalité, et notamment postale, m’a remise un peu les idées en place. En gros, imprimer, ça ne coûte pas trop cher[3]. Par contre, les envois par La Poste, si.

À ça s’ajoute que j’ai maintenant un statut d’auto-entrepreneur et que je dois payer des sous sur ce que je gagne. En soit, c’est normal (c’est sécu, retraites, impôts), mais le problème c’est que là, avec le statut que j’ai (et j’ai peut-être raté une possibilité parce que j’avoue que je n’y comprends rien à tous ces trucs administratifs[4]), c’est que je paye un pourcentage sur le chiffre d’affaires (donc en gros le prix de ce que je vends) et pas sur les bénéfices (le prix de ce que je vends, moins les coûts). Ça fait à peu près 25%[5].

À ça s’ajoute le fait que je suis par ailleurs au RSA, et qu’une partie de l’argent que je gagne est déduit de mes prochaines allocations, ce qui m’enlève donc encore 25%[6]. Au total sur le prix de vente d’un livre, il n’y a que 50% qui me reviennent dans la poche, et ce avant de prendre en compte les coûts.

Prenons deux exemples, en mettant que je vende un livre à 10€, en numérique et en format fanzine :

  • en numérique, Amazon ou Kobo va prendre 3€ (30%) et me donner 7€ (70%). Là dessus il y a la moitié, donc 3,5€, qui sont un vrai gain par rapport à si je ne n’avais pas vendu ce livre. Sur une vente directe sans passer par Amazon, je gagnerais un peu moins de 5€.
  • en fanzine, je vais toucher la moitié, donc 5€, auxquels je dois enlever à peu près 3€50 de frais postaux et d’impression. Donc je gagne 1€50 par rapport à si je ne vendais rien.

Le problème, c’est que 10€, c’est malheureusement cher, et que jusqu’à maintenant les prix c’était 5€ pour le fanzine, et 3€ (2,99 en fait mais on ne va pas chipoter) pour la version numérique ce qui donnait :

  • en numérique, Amazon/Kobo prend 90 centimes (30%), et me donne 2€10 (70%), sur lesquels la moité, donc 1€05, sont un gain par rapport à si ne je vendais rien (1,50€ sur une vente directe). Comme il n’y a pas de coûts pour moi, ce que je gagne est une simple règle de trois du prix de vente, que je suis libre de fixer un peu comme je veux… ou de vous laisser le fixer.
  • en fanzine, je touche la moitié, donc 2€50, auxquels je dois enlever à peu près 3€50 de frais postaux et d’impression, donc je gagne… euh non, une seconde, je perds un euro par rapport à si je n’avais rien vendu.

Donc voilà, j’espère que vous comprendrez pourquoi je suis obligée de monter les prix pour les versions fanzines de La chair & le sang. Ça me fait chier, parce que du coup ça devient super cher, mais je n’ai pas vraiment le choix.

Des livres papiers pour La chair & le sang ?

Une alternative à ça, ce serait de passer par des livres imprimés à la demande qui, étonnamment, en passant par CreateSpace (filiale d’Amazon) pourraient revenir moins cher (du moins frais de ports compris puisque ceux-ci sont offerts).

  • Pour un livre vendu à 7€ sur Amazon, je toucherais environ 2€50 de royalties. Comme à aucun moment les 7€ ne vont directement dans ma poche, je n’aurais à déclarer que ces bénéfices, et il me resterait donc 1€25 de gain par rapport à si je n’avais rien vendu, donc à peu près autant que sur une vente d’un fanzine à dix euros.

D’un autre côté, ça me fait chier, parce que si la situation est comme ça, c’est en bonne partie parce que La Poste, qui est à la base censée être un service public, ne fait qu’augmenter ses prix pour les particuliers, tout en proposant des deals avantageux à son plus gros client, Amazon. Il n’y a pas que moi que ça touche, ça concerne aussi notamment les petites librairies et les petits éditeurs.

Et en même temp, si j’essaie de proposer du prix libre et du libre accès pour les versions numériques, c’est pour enlever un facteur bloquant, qui est l’argent. Or, je sais très bien que la lecture numérique est aussi un facteur bloquant pour plein de gens (notamment, d’ailleurs, les personnes qui n’ont pas forcément les moyens d’investir dans une liseuse) et je n’ai pas envie d’avoir des versions papiers qui sont hors de prix alors que ce n’est pas non plus la qualité d’un livre imprimé de manière « pro ».

Bref…

Bref, c’est la merde. Difficile de se dépatouiller entre les différents objectifs : proposer quelque chose de DIY et si possible d’un peu plus éthique que le management à la Amazon ; être accessible au plus grand monde ; et pouvoir, quand même, gagner un peu d’argent.

Au final, je ne suis pas encore tout à fait sûre de ce que je vais faire, mais je pense que je vais proposer les deux solutions pour le papier. D’un côté, des fanzines DIY qui seront chers, de l’autre une version low cost mais avec une éthique pas terrible. J’imagine que c’est une façon pour moi de me décharger de ce choix en demandant aux lecteurs et lectrices de le faire à ma place, un peu comme quand vous avez à choisir entre faire les courses à Lidl ou au marché.

Tout en sachant par ailleurs qu’il reste quand même possible de proposer ces fanzines à prix libre quand c’est sur place et qu’il n’y a pas le coût des envois, même si ça limite pas mal géographiquement. Il est aussi possible de réduire un peu les coûts en faisant une commande d’un certain nombre d’exemplaires ; la boutique que j’ai sur le site ne prend absolument pas ça en compte, mais n’hésitez pas à me contacter par mail (lizzie at crowdagger point fr) ou autre moyen si vous voulez commander plusieurs fanzines différents, ou plusieurs exemplaires du même fanzine, pour que ça vous revienne moins cher.

Pour finir, je tiens à préciser que tout ça ne change rien pour les gens ayant pris l’abonnement papier sur Tipeee : elles continueront à recevoir un épisode tous les deux mois de La chair & le sang au format fanzine.

Notes

[1] Je ne saurais pas forcément donner la différence exacte entre les deux, et j’aurais bien du mal à dire dans quelle case mes œuvres se situent.

[2] Même si je n’aurais pas forcément été tout à fait contre le fait de me retrouver dans la position de devoir choisir entre accepter un contrat juteux et l’accessibilité financière de l’œuvre…

[3] Tant qu’on ne se retrouve pas à foutre 300 pages à la benne à cause d’une erreur de manipulation, ce qui arrive quand même de temps en temps.

[4] En bref quand même : les chiffres que je donne là valent parce que je suis classifiée en « activité libérale ». Peut-être qu’il y aurait moyen de faire passer la partie sur les ventes de fanzines en achat/vente, ce qui serait plus avantageux, mais comme j’ai déjà eu assez de mal à comprendre cette partie-là je ne suis pas persuadée de mes chances de réussite même si c’était possible.

[5] 24,9% plus exactement.

[6] Alors, là, le calcul est un peu compliqué : la CAF enlève 38% du montant des revenus, sachant que le revenu déclaré se fait lui-même avec un abattement de 34% par rapport au chiffre d’affaires, ce qui au total enlève donc 0,38 * (1 - 0,34) = 25,08%. On notera au passage qu’ajouté à la cotisation précédente, ça fait 49,98% ; avant de faire les calculs, j’étais persuadée que mon « 50% » était entièrement pifométrique, mais en fait pas tant que ça (même s’il est possible que je me sois plantée dans les calculs).

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