Apparemment, aujourd'hui c'est la « Journée Mondiale du livre et du droit d'auteur ». Ce qui m'a donné envie de ressortir une nouvelle que j'avais écrite il y a un bon bout de temps.
L'objectif était de dénoncer les DRMs : Digital Right Management. Pour reprendre la description de l'Electronic Fountier Foundation, il s'agit de technologies qui cherchent à contrôler ce que vous pouvez faire et ne pas faire avec le matériel et les médias que vous avez achetés. Je crois qu'à l'époque était en train de passer le projet de loi qui empêchait de les contourner (y compris pour lire un DVD sous VLC). Cette nouvelle reprenait un personnage et l'univers de Pas tout à fait des hommes, qui était en cours d'écriture à ce moment là.
Le texte n'a pas en soi une grande qualité littéraire, mais je trouvais amusant de le ressortir des archives parce qu'à l'époque où je l'avais écrit, le livre numérique n'existait pas encore vraiment et que ça concernait surtout les musiques et les films. À l'heure actuelle, « grâce » à un certain nombre d'éditeurs qui imposent des DRMs sur leurs livres numériques, la métaphore de livres qu'on achète mais qu'on ne peut pas lire ne relève plus vraiment de l'imaginaire...
Vous pouvez lire cette nouvelle ici, ou juste ci-dessous avec une mise en page un peu plus médiocre.
Pirate !
Kalia entra dans la petite librairie et jeta un coup d'œil aux rayonnages. Il n'y avait pas un énorme choix, et il se limitait aux livres les plus connus, mais l'elfe se décida tout de même pour un recueil de poésie.
Ce fut au moment de payer, quand elle le posa sur le comptoir, en face du vendeur, que Kalia remarqua quelque chose de bizarre sur la couverture. Il était inscrit, en petit caractères : « livre protégé ».
— Ça veut dire quoi, ça ? demanda-t-elle au vendeur.
— Oh, ce sont les nouveaux livres, expliqua le vendeur. Ils sont protégés contre le piratage.
Kalia fronça les sourcils.
— On n'est pas un peu loin des côtes, pour se soucier du piratage ? Et ce n'est pas plutôt le bateau qui devrait être protégé ?
— Pas ce piratage là, expliqua le vendeur. Le livre ne peut pas être dupliqué.
Là, l'elfe comprenait mieux. Elle avait en effet entendu parlé d'une invention d'un mage nommé Delatoile qui permettait, par un processus qu'elle ne comprenait pas, de copier instantanément le contenu d'un livre sur du papier vierge. Ça ne la gênait pas plus que ça, étant donné qu'elle ne comptait pas utiliser cette invention.
— Moi, fit-elle, tant que je peux le lire...
— Ah, justement, fit le vendeur. La protection empêche la lecture à l'œil nu. Pour le lire, vous aurez besoin de ces lunettes.
Ça, ça la gênait plus, déja. Elle n'avait aucune envie de payer des lunettes en plus d'un livre qu'elle avait déjà acheté. Elle entrouvrit le livre pour examiner en quoi consistait la protection, et découvrit un entrelas de lignes vertes et rouges.
— Oh, fit-elle, je connais ce truc. Il faut mettre des verres de la bonne couleur, c'est ça ? J'ai des verres teintés chez moi, ça va être un peu pénible, mais...
— Je dois vous prévenir, coupa le vendeur, que leur utilisation sur ce livre est passible de prison.
— Quoi ? s'étonna Kalia. Mais pourquoi ? Ça n'a pas de sens !
— Cela correspondrait à une violation du dispositif anti-protection.
— Et vous ne voulez pas que je vous restitue mes verres teintés, tant que vous y êtes ?
— Et bien, fit le vendeur, ça serait le mieux. Pour montrer que vous n'êtes pas une pirate, hein ?
Kalia soupira. Elle n'avait jamais ressenti le besoin de se mettre un bandeau sur l'œil, de gueuler « à babord toute, mon capitaine ! », ou d'avoir une jambe de bois. À vrai dire, elle était malade en mer.
Par contre, arborer un drapeau noir et aller massacrer au canon les types qui avaient eu cette idée de loi, ça commençait à la tenter sérieusement.
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