Le blog de Lizzie Crowdagger

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Sortie de la version 0.14.0 de Crowbook, et petit retour d'expérience personnel

, 21:46

Logo du logiciel libre Crowbook, qui convertit du Markdown vers PDF, HTML et EPUBJe suis heureuse de vous annoncer la sortie de la version 0.14.0 de Crowbook.

Si vous souhaitez l’installer, le plus simple est de télécharger le binaire adapté à votre système d’exploitation (disponibles pour Linux, Windows, OS X et Free BSD).

Crowbook, c’est quoi ?

Crowbook est un logiciel libre (licence LGPL) qui convertit des livres écrits au format Markdown vers les format HTML, EPUB et PDF (en passant par LaTeX). Par rapport à d’autres équivalents, Crowbook essaie de faire un peu plus attention à la typographie, particulièrement française, et propose quelques fonctionnalités un peu particulières.

C’est ce que j’utilise maintenant pour la totalité de mes textes auto-édités, que ce soit pour la version disponible sur ce site, pour les fichiers vendus sur les plate-formes de vente en ligne, ou pour les impressions papier. Si vous voulez voir à quoi ça peut ressembler, vous pouvez regarder au hasard Pas tout à fait des hommes, en version PDF, HTML ou EPUB.

Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que cette version 0.14.0 sort quelques jours après le dernier épisode de La chair & le sang : la publication d’un texte (avec ce qu’elle implique de relecture) est aussi l’occasion de vérifier que la dernière version du logiciel fonctionne à peu près correctement et de corriger quelques bugs.

Retour sur cette expérience

Vu que j’ai déjà parlé plusieurs fois ici de ce logiciel, je ne vais pas présenter son fonctionnement plus en détail (si vous voulez en savoir plus, consultez l’article précédent), ni m’attarder sur les nouveautés depuis la dernière fois (il y en a assez peu, essentiellement des modifications cosmétiques quand on exécute Crowbook ou l’ajout de la possibilité d’ajouter une dédicace). Je voudrais plutôt revenir sur pourquoi j’ai créé ce logiciel, l’expérience que j’en tire et le futur que je vois.

Pourquoi j’ai commencé ce projet

J’utilisais déjà le format Markdown pour écrire mes romans, mais à l’époque j’utilisais le convertisseur Pandoc pour transformer les fichiers sources au format HTML, EPUB et PDF. Si vous appréciez le format Markdown, je vous recommande d’ailleurs (si ce n’est pas déjà fait) de jeter un coup d’œil à ce logiciel, capable de convertir vers et depuis beaucoup de formats.

Malgré les qualités de Pandoc, il y avait quelques petites choses qui ne me satisfaisaient pas tout à fait :

  • j’aime bien séparer mes fichiers par chapitres ; c’est possible de le faire avec Pandoc en les concaténant, mais cela me posait parfois quelques soucis (par exemple chapitre_10.md se retrouvant avant chapitre_1.md) ;
  • peu de support des normes de typographie française, comme les différentes espaces insécables.

Par ailleurs, j’avais envie de créer un nouveau projet avec le langage de programmation Rust, parce que je trouvais ce langage intéressant. Cet aspect n’est pas négligeable : sans ça, je me serais contentée d’utiliser les petits work-arounds qui fonctionnaient jusque là.

Le Dogfooding comme guide de développement

Assez rapidement, j’ai réussi (grâce à l’existence de quelques bibliothèques existantes, notamment pour parser un fichier Markdown) à avoir une version à peu près utilisable pour mes besoins personnels, et j’ai commencé (sans difficulté) à passer de Pandoc à Crowbook pour certains livres, avant de le faire pour tous (les fichiers sources Markdown de tous mes textes publiés sous licence libre sont d’ailleurs visibles sur Github).

J’ai donc commencé à utiliser Crowbook au quotidien (enfin, sauf les jours où je n’écrivais pas). En informatique, c’est la notion de dogfooding : être la première utilisatrice des logiciels qu’on développe. C’est d’ailleurs ce qui a guidé (et guide toujours) le développement : j’ajoute les fonctionnalités dont j’ai besoin ou qui pourraient m’être utiles (et parfois celles que je pense être utiles à d’autres ou qu’on me demande si ça ne nécessite pas trop de boulot).

C’est sans doute pour ça que Crowbook a évolué de manière assez différente des autres convertisseurs Markdown qui existent à ma connaissance. En dehors du fait qu’il gère censément mieux (en tout cas je l’espère) la typographie française, il contient des fonctionnalités qui peuvent sembler incongrues pour ce type de logiciel :

  • un mode proofread qui génère une copie pour la relecture en pouvant détecter les répétitions dans le texte ou en utilisant un correcteur grammatical (LanguageTool et/ou Grammalecte) ;
  • un début de support pour écrire de la fiction interactive ;
  • la possibilité d’ajouter une dédicace via la ligne de commande.

À chaque fois, cela correspondait à un besoin ou une envie personnelle, dont je ne sais pas si elle sera vraiment utile à quelqu’un d’autre, mais pour lequel moi je vois un intérêt.

Bilan en tant qu’utilisatrice

Du coup, vu que j’ai créé ce projet avant tout pour moi (même si je suis évidemment très contente s’il est utilisé par d’autres !), quel bilan j’en tire en tant qu’utilisatrice ? Est-ce que ça m’a fait gagner du temps, est-ce que ça m’a aidé pour écrire ?

(En dehors, évidemment, du fait que le temps passé à programmer n’était pas consacré à écrire de la fiction ; mais je ne suis pas sûre que ça marche mathématiquement et que j’aurais écrit plus si je ne l’avais pas fait : en tant qu’écrivaine holistique, me lancer dans des projets annexes fait partie intégrante du processus d’écriture.)

Ma foi, ça n’a pas non plus bouleversé les choses ; cela dit, le fait de pouvoir relativement simplement lancer à la fois LanguageTool et Grammalecte sur le même texte a rendu la partie correction grammaticale un peu plus facile (même si ces outils sont imparfaits, comme je l’expliquais dans un billet sur ce sujet ; cela dit, le fait qu’ils ont tendance à ne pas exactement les mêmes erreurs, pouvoir lancer les deux en parallèle n’est pas inintéressant). Peut-être que le rendu en EPUB ou HTML est un peu meilleur, au moins en ce qui concerne la typographie (pour le reste, c’est assez subjectif).

Sinon, je pense qu’il faut être réaliste et ne pas exagérer l’apport d’un logiciel sur le travail d’écriture. C’est un outil, mais ce n’est pas ça qui va écrire à ma place ou quoi que ce soit. Au mieux, ça permet d’éviter un peu de friction au moment des conversions, mais cela reste de toute façon une partie assez faible du travail.

Bilan en tant que développeuse

C’est évidemment surtout en tant que développeuse que cette expérience a été intéressante : elle m’a emmenée à connaître un peu mieux un langage de programmation, mais aussi à développer un certain nombre de bibliothèques Rust utilisables séparément (epub-builder pour créer le fichier EPUB, crowbook-text-processing pour la partie « nettoyage typographique », ou encore crowbook-intl pour l’internationalisation du programme). Ça m’a permis de m’impliquer un peu plus dans cette communauté, et y compris de participer à la RustFest de Zurich (qui était une expérience formidable <3).

Surtout, chose à laquelle je ne m’attendais pas forcément au début, il semblerait qu’il y au moins quelques autres personnes qui utilisent Crowbook, et m’ont fait des rapports de bugs, des suggestions de fonctionnalités, voire carrément des contributions au code. C’est à la fois enthousiasmant, mais aussi un peu flippant (« oups il y a des gens qui ont peut-être en fait vraiment lu mon code source dégueulasse, et j’espère vraiment qu’il n’y a pas un bug qui efface le disque dur »), et en tout cas une expérience assez nouvelle.

Et le futur ?

Quand au futur de Crowbook, je n’ai pas forcément d’idées très précises. Je sais juste que (au moins pour un moment) je compte continuer à l’utiliser pour mes textes, et que ça impliquera sans doute la correction de quelques bugs l’ajout de nouvelles fonctionnalités au fil de l’eau. J’aimerais bien essayer de proposer une interface graphique mais je ne sais pas trop comment le faire et ça sort de mon domaine de compétences (non pas que le reste de Crowbook en faisait vraiment partie à la base, cela dit).

J’aimerais également sortir une version 1.0 dans pas trop longtemps, mais ça implique un peu de travail de nettoyage de code et de rédaction de documentation (notamment pour que celle-ci soit disponible aussi en français) avant.

Et puis, il s’agit d’un logiciel libre, et je suis évidemment ouverte aux contributions.

Bref, je vais continuer à m’occuper un peu de Crowbook, même si ce sera sans doute de manière moins intensive qu’à ses débuts, au moins pour mes besoins personnels. Et vous l’utilisez également et qu’il vous est utile, j’en serais très contente <3


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Crowbook, logiciel libre pour convertir vos livres écrits en Markdown vers PDF, HTML et EPUB, maintenant en version 0.13.0

, 19:59

Logo du logiciel libre Crowbook, qui convertit du Markdown vers PDF, HTML et EPUB

Vu que ça fait plus de six mois que je n’en avais pas parlé, voici un nouveau billet consacré à Crowbook !

Crowbook, c’est quoi ?

Crowbook est un logiciel libre (licence LGPL) qui convertit des livres écrits au format Markdown vers les format HTML, EPUB et PDF (en passant par LaTeX). Par rapport à d’autres équivalents, Crowbook essaie de faire un peu plus attention à la typographie, particulièrement française, et propose quelques fonctionnalités un peu particulières.

C’est ce que j’utilise maintenant pour la totalité de mes textes auto-édités, que ce soit pour la version disponible sur ce site, pour les fichiers vendus sur les plate-formes de vente en ligne, ou pour les impressions papier. Si vous voulez voir à quoi ça peut ressembler, vous pouvez regarder au hasard Pas tout à fait des hommes, en version PDF, HTML ou EPUB.

Le format Markdown

L’intérêt du format Markdown pour des textes de fiction, c’est que c’est essentiellement du texte brut et qu’on peut taper à la chaîne sans se poser de questions : c’est le convertisseur qui s’occupe de tout. Un petit exemple :

# Un titre de chapitre

Il y a un peu de syntaxe pour formater un peu, mais en vrai pour un roman à part les
chapitres (marqués avec un # en début de ligne), les sauts de paragraphe (indiqués 
par une vide) et les *italiques* ,on n'a pas besoin de grand-chose !

*****

Ah, si, il y a la ligne avec les petites étoiles pour séparer des scènes, que j'utilise
pas mal aussi. Voilà, vous connaissez les trois éléments de syntaxe Markdown
nécessaires pour rédiger un roman !

Le « format Crowbook »

Bon, avec ça vous avez un contenu, mais il manque encore des choses pour générer de vrais documents finis, comme donner un nom d’auteur, un titre à l’œuvre, préciser la langue, dire quels formats doivent être générés, éventuellement mettre une image de couverture, etc. Pour ça, il faut passer quelques indications en plus à Crowbook. Pour un texte court, ça peut se faire à l’intérieur du fichier Markdown, en mettant ces indications en en-tête :

---
author: Jean-Pierre Écrivain
title: Ma première Œuvre !
lang: fr

output: [pdf, html, epub]
---

Ma première Œuvre !
=============

Voilà ma première Œuvre ! Je suis *super* content ! 
Grâce à Crowbook, je n'ai pas à me prendre la tête 
avec la mise en page, la typographie et tout ce merdier,
c'est fabuleux !

*****

Je vais de ce pas publier sur les plate-formes de vente 
en ligne et devenir riche.

Une fois le texte écrit, il n’y a plus qu’à exécuter une simple ligne de commande, crowbook -s oeuvre.md, pour générer les fichiers HTML, PDF, et EPUB. Évidement, pour un roman, il y aura plusieurs chapitres, et il faudra un fichier différent pour la configuration du livre que pour les chapitres écrits en Markdown, mais ce n’est guère plus compliqué :

author: Jean-Pierre Écrivain
title: Mon premier roman !
lang: fr

output: [pdf, html, epub]

- prologue.md
+ chapitre_01.md
+ chapitre_02.md
(...)

Fonctionnalités

Bon, vous allez me dire : d’accord, c’est bien beau, mais il y a déjà plein de logiciels libres qui font plus ou moins la même chose, alors c’est quoi les particularités de Crowbook (à part que c’est mon bébé) ?

Grosso-modo, la particularité de Crowbook est de cibler principalement les écrivain·e·s de fiction, avec un focus particulier pour la langue française. Donc concrètement :

  • Crowbook essaie de respecter la typographie, et particulièrement les règles françaises (lorsque la langue est mise à “fr”), sans que vous ayez à faire quoi que ce soit. Il devrait notamment produire des espaces insécables de manière correcte ou des apostrophes typographiques sans que vous ayez à vous en occuper.
  • Pour faciliter la relecture, Crowbook a une option (--proofread) pour s’intégrer à un correcteur grammatical (LanguageTool ou Grammalecte) ou pour détecter les répétitions dans votre texte.
  • Crowbook propose également un support (actuellement) expérimental pour rédiger des fictions interactives.
Exemple d'utilisation de Crowbook pour la relecture, en utilisant Grammalecte pour la correction grammaticale et en soulignant les répétitions en plus
Exemple d’utilisation de Crowbook pour la relecture. Crowbook se connecte au serveur Grammalecte pour corriger la grammaire, souligne également (optionnellement) les répétitions, et génère un fichier HTML pour la relecture.

Installer Crowbook

Si vous voulez installer Crowbook, vous pouvez télécharger les exécutables pour la dernière version :

Vous pouvez aussi regarder les instructions pour le compiler sur la page Github.

Quoi de neuf ?

Bon, et du coup, cette version 0.13.0, elle apporte quoi de nouveau, par rapport à la dernière fois que j’en ai parlé ? Eh, bien, en dehors de corrections de bugs et de petites améliorations, notons :

  • Le support de Grammalecte pour la correction grammaticale ;
  • Un début de support pour écrire des fictions interactives, même si je n’ai pour l’instant pas d’exemple à vous montrer.
  • Des fichiers de configuration un peu moins verbeux, en permettant notamment de spécifier d’un coup output: [pdf, html, epub, odt, proofread.html] pour générer des fichiers de sortie nommés d’après votre fichier de configuration, plutôt que d’avoir à les spécifier individuellement.
  • Plus de possibilités de configuration.
  • L’affichage d’un message d’erreur, tout en essayant de continuer, plutôt que d’arrêter sur le moment.
  • Le support de la coloration syntactique (pour le code) y compris dans les fichiers PDF et EPUB (grâce à Syntect).
Capture d'écran d'une mystérieuse fiction interactive qui est encore en cours de retravail mais à laquelle vous pourrez peut-être jouer un jour
Capture d’écran d’une mystérieuse fiction interactive qui est encore en cours de retravail mais à laquelle vous pourrez peut-être jouer un jour.

Plus d’informations

Pour plus d’informations, consultez la la page Github ou le guide d’utilisation (pour l’instant, les deux sont uniquement en anglais).

Si vous voulez voir un peu plus interactivement à quoi ça ressemble et ce que peut donner Crowbook, vous pouvez jouer avec la version de démo en ligne (plus très à jour, cela dit). Pour des exemples plus concrets (avec des options un peu plus complexes utilisées), vous pouvez aussi regarder le dépôt Github contenant mes textes publics.

Bilan et perspectives

Au départ Crowbook n’était qu’un petit projet expérimental sur lequel je ne pensais pas passer autant de temps. C’est devenu un peu plus gros que ce à quoi je m’attendais. Ça correspond à mes besoins depuis un certain temps, puisque je l’utilise pour tous mes romans et nouvelles, ce qui me donne l’occasion régulièrement de trouver un bug à corriger ou une fonctionnalité à ajouter (c’est le principe du dogfooding)

Si ça peut aussi convenir à d’autres personnes, j’en serai très heureuse. Il y a cependant encore du travail à faire pour rendre ça plus accessible, et notamment pour améliorer la documentation et en proposer une version française (j’ai repris ce passage tel quel depuis mon ancien billet, et je n’ai pas vraiment bossé là-dessus depuis, oups), puisque je pense que Crowbook a surtout de l’intérêt pour les auteurs et autrices francophones. Il y a aussi — toujours — un travail de polissage à faire, améliorer la mise en page proposée par défaut, corriger des bugs, etc, même si je pense que ça s’est amélioré en six mois.

Je me tâte à travailler sur une version proposant une interface graphique, qui pourrait rendre le logiciel plus simple d’accès pour des personnes n’appréciant pas la beauté de la ligne de commandes, mais ça me demanderait pas mal de boulot et dans un domaine pour lequel je ne suis pas très compétente. On verra.

Bref, si vous testez Crowbook et que ça correspond à vos attentes, j’en serai très contente, si vous testez Crowbook et que ça ne correspond pas à vos attentes, n’hésitez pas à faire un bug report pour expliquer ce qui ne va pas.


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Billets connexes

Conférence à Saint-Étienne sur les licences libres pour la fiction, le 5 juillet, dans le cadre des RMLL

, 21:45

Je suis contente de vous annoncer (un peu tardivement) que je présenterai dans quelques jours une conférence autour des licences libres et de la fiction, dans le cadre des RMLL (Rencontres Mondiales du Logiciel Libre), qui commencent dès demain (1er juillet).

Pour plus d’informations, vous pouvez voir la fiche de présentation sur le site des RMLL.

Rencontres Mondiales du Logiciel Libre

Les Rencontres Mondiales du Logiciel Libre (RMLL) sont un cycle de conférences, d’ateliers et de tables rondes autour du Libre et de ses usages.

Elles existent depuis 2000, et ont lieu cette année pour la 17ème fois, 1er au 7 juillet. Cette année, elles se déroulent à Saint-Étienne.

Pour plus d’informations sur les Rencontres Mondiales du Logiciel Libre, vous pouvez consulter le site des RMLL 2017 .

 De quoi je vais parler

Voici la description que j’ai mise dans la fiche de présentation ; et maintenant qu’il s’agit de faire tenir tout ça en quarante minutes, je réalise que j’ai été un peu enthousiaste dans la liste de questions que je voulais aborder, mais je vais faire de mon mieux.

Si certain·e·s auteurs et autrices sont enthousiasmé·e·s par les idées de licences libres, force est de constater que ce n’est pas le cas de tout le monde. Il faut dire que la situation de beaucoup d’auteurs et d’encore plus d’autrices est précaire, et que la perspective que des éditeurs puissent publier une œuvre sans avoir à payer de droits d’auteurs a de quoi inquiéter. De fait, les débats entre « libristes » et « auteurs » (forcément deux camps bien distincts) sont régulièrement houleux et révélateurs de tensions (comme par exemple après la publication de Glénat de la bande dessinée Pepper&Carrot, publiée sous licence libre).

Parallèlement, le monde de l’écriture est en pleine mutation : développement du numérique (certes d’une manière qui chamboule moins le paysage que les évolutions qu’ont connu les domaines de l’audiovisuel), émergence de l’auto-édition et du crowdfunding, popularité des fanfictions… Autant de choses qui rendent moins impensable une conciliation entre licences libres et l’objectif de tirer des revenus de sa plume. Mais, en même temps, qui permettent aussi le développement de technologies pour rendre le lecteur ou la lectrice capti·f·ve et contrôler ses usages.

Au cours de cette conférence, j’aimerais m’interroger (à défaut des réponses tranchées) sur les questions suivantes :

  • Est-il pertinent de calquer les idées de licence libre qui sont avec le logiciel sur de l’art ?
  • Les licences libres nuisent-elle aux auteurs (individuellement et collectivement) ? Sont-elles du pain béni pour des éditeurs peu scrupuleux ?
  • Le développement de l’auto-édition est-elle une force d’émancipation pour les auteurs ? Ou, au contraire, s’inscrit-elle dans une logique d’« ubérisation » ?
  • Faut-il encore défendre le fait de pouvoir vivre de l’écriture et d’en faire son métier, à l’heure où tout le monde est devenu créateur ?
  • Le libre est-il le premier pas vers la collectivisation des moyens de production, ou simplement une manière pour certains d’exploiter le travail gratuit que d’autres fournissent ?

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Tutoriel : partager et modifier une œuvre sous licence libre Creative Commons

, 15:30

Comme vous le savez peut-être, la plupart des textes qui sont publiés en auto-édition sur ce site sont diffusés sous licence libre Creative Commons Attribution-Partage sous les mêmes conditions, ce qui vous autorise (sous certaines conditions, notamment que ce soit sous cette même licence) à :

  • partager ces œuvres à l’identique ;
  • modifier ces œuvres ;
  • publier des versions modifiées.

Même si ça paraîtra peut-être évident à certaines personnes, j’avais envie de faire un petit billet pour expliquer les bonnes pratiques si l’on voulait partager ou modifier une œuvre diffusée avec sous ce type de licence.

Redistribuer une œuvre, sans la modifier

Commençons par le cas le plus simple : vous désirez simplement reproduire une œuvre, sans la modifier. Par exemple, mettons que vous ayez aimé Créatures de rêve et que vous aimeriez l’imprimer au format brochure pour qu’elle soit dans l’infokiosque que vous allez tenir à un concert punk.

Dans ce cas, la seule chose dont il faut s’assurer, c’est qu’il y a bien l’information sur la licence. En l’occurrence, la version PDF que je propose contient déjà ces informations, donc vous pouvez vous contenter d’imprimer cette version. Il est important de ne pas retirer cette mention, ou de l’ajouter si je ne l’ai pas mise dans le texte même (par exemple pour les nouvelles courtes). Dans ce dernier cas, vous pourrez reprendre la description que j’insère dans la plupart des textes ; si vous trouvez ça trop long, vous pouvez vous contenter de juste mettre un truc du style :

Créatures de rêve, par Lizzie Crowdagger (http://crowdagger.fr) est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International.

(Normalement, il faut aussi mettre les liens vers la page de l’œuvre et les informations sur la licence, mais là comme on parle d’une version papier ça donnerait quelque chose d’assez moche. Cela dit, pour être rigoureux, il faudrait le faire, en mettant par exemple en note de bas de page les liens trop longs.)

Attention : si vous ne mettez pas ces informations, vous ne respectez pas la licence, et vous êtes dans l’illégalité. J’ai régulièrement vu des gens faire n’importe quoi avec des œuvres sous licence libre (pas que, certes) en disant « c’est bon, j’ai le droit de faire ce que je veux avec », ou avec l’idée en tout cas que ce serait « moins illégal » qu’avec une œuvre sous droit d’auteur classique. Sauf que non, à partir du moment où vous ne respectez pas les conditions de la licence (préciser l’autrice, redistribuer sous la même licence, bref tout ce qu’il y a dans le nom « Attribution-Partage sous les mêmes conditions »), celle-ci ne s’applique plus et vous perdez tous les droits de partage, modification, etc..

(Je précise que je ne suis par ailleurs pas forcément une maniaque du légalisme ; pour reprendre l’exemple de notre infokiosque à un concert punk, j’avoue que si les conditions ne sont pas scrupuleusement respectées, comme d’ailleurs s’il y a des photocopies de livres sous droit d’auteur, je m’en fous un peu ; par contre quand c’est des entreprises qui défendent par ailleurs vaillamment leur propriété intellectuelle qui ne respectent pas ces conditions, ça m’énerve un peu plus.)

Évidemment, les mêmes principes s’appliquent pour reproduire un texte sur Internet, par exemple si vous avez un blog ou un site. Cela dit, l’intérêt pour le partage à l’identique me paraît dans ce cas un peu plus limité, puisqu’un lien direct vers l’œuvre marche aussi bien et permet de pointer vers la dernière version.

Créer une œuvre dérivée

Maintenant, imaginons que quelqu’un (appelons-le Rudy Gaylord) trouve cool le texte Dykes vs Bastards. Seulement, il le trouverait encore mieux si, au lieu d’avoir un gang de lesbiennes motardes, c’était un groupe de gays skinheads. Il décide donc de modifier l’œuvre (soit en modifiant le fichier Markdown, soit en passant le tout sous LibreOffice, il fait bien ce qu’il veut). Le résultat lui plaît, et il décide de le publier sur son blog. Qu’est-ce qu’il doit faire pour respecter la licence ?

Évidemment, avec la condition de ShareAlike (« Partage dans les mêmes conditions » en français mais c’est plus long), il faut que cette œuvre soit publiée sous la même licence, comme pour le cas ci-dessus. Le problème est surtout : qui est l’auteur de l’œuvre, et comment indiquer la « paternité » et les contributions de celle-ci ?

D’un point de vue juridique, la licence Creative Commons Attribution-ShareAlike vous impose deux contraintes :

  • identifier l’auteur original ;
  • indiquer que l’œuvre a été modifiée.

Elle donne aussi la possibilité à l’autrice de l’œuvre originale de demander à ce que son nom soit supprimée de l’œuvre dérivée. C’est un peu une sorte de « droit moral » allégé, qui ne permet pas d’interdire une publication sous prétexte qu’elle ne respecte pas la volonté de l’autrice, mais qui lui permet tout de même de ne pas être rattachée à quelque chose qu’elle ne cautionne pas.

En terme de notice légale, et à moins d’une demande de « répudiation » de la part de l’autrice, cela pourrait prendre par exemple la forme du texte suivant :

Ce texte est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International. D’après Dykes VS Bastards, par Lizzie Crowdagger, modifié par Rudy Gaylord (qui en a fait une histoire gay au lieu d’une histoire lesbienne).

En revanche, j’avoue que je suis un peu plus dans le flou pour ce qui est du titre de l’œuvre et de ce qu’il faut mettre pour le ou les auteurs (sur une couverture, notamment), et j’ai eu du mal à trouver des informations sur ce sujet. Pour moi, avec de telles modifications, qui ne sont pas juste de forme, il est capital de s’assurer que personne ne puisse croire que cette œuvre est émise ou « approuvée » par l’autrice originale (qui n’a peut-être même pas connaissance de son existence), donc il est impensable pour moi que l’autrice de l’œuvre originale soit présentée comme autrice de l’œuvre dérivée, en lui laissant la charge de contacter la personne qui a réalisé cet adaptation si cela ne lui va pas.

La solution qui me paraît la plus raisonnable est donc d’avoir en « auteur » du livre quelque chose comme « Rudy Gaylord, d’après une œuvre de Lizzie Crowdagger » ; avoir quelque chose comme « Lizzie Crowdagger, Rudy Gaylord » ou, encore pire, « Lizzie Crowdagger » m’embêterait beaucoup, puisque ça sous-entendrait que j’ai validé un texte dont je ne connais même pas l’existence.

Même si je ne pense pas que ce soit forcément obligatoire, il me paraît également préférable dans ce genre de cas de modifier le titre, pour éviter la confusion parmi les lecteurs et lectrices. Dans cet exemple précis, il n’aurait d’ailleurs plus beaucoup de sens, et gagnerait à être remplacé par exemple par Fags VS Bastards.

Le cas des traductions ou des passages vers un autre format

En soi, une traduction vers une autre langue, ou un autre format (audio, par exemple) relèvent également de l’œuvre dérivée. À titre personnel, je ferai quand même une différence sur l’attribution : dans le cas d’une traduction qui a essayé de rester raisonnablement fidèle à l’original (certes avec des choix qui viennent de la traductrice, mais sans réécrire l’œuvre), ça ne pose pas les mêmes problèmes de garder l’autrice originale comme autrice de l’œuvre dérivée (en ajoutant évidemment la traductrice).

Même chose lorsqu’il s’agit essentiellement de modifications sur la forme, par exemple avec une mise en page différente. Dans ce cas, on peut garder le titre et l’autrice originale, et se contenter d’afficher une notice à l’intérieur de l’œuvre :

Titre par Auteur Original est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International. Mise en page modifiée par Nouvel Auteur

ou encore :

Titre original : Titre non traduit, de Autrice Originale, traduit de la langue par Traductrice. Cette œuvre est mise à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International.

Conclusion

Voilà, j’espère que cet article vous aura convaincu que le partage d’une œuvre libre doit se faire en respectant les conditions fixées par la licence, et que « ce texte est libre, alors je l’ai republié sur mon blog sans dire d’où il vient, ni la licence, ni qui l’a écrit » n’est clairement pas respecter la licence ; et que vous verrez un peu mieux comment créer une œuvre dérivée à partir d’une œuvre libre sous Creative Commons.

En rédigeant ce billet, j’ai été surprise de voir qu’il y a avait si peu d’informations concrètes sur ce dernier point, et j’espère que ça comblera un peu ce manque, même si le manque de choses claires à ce sujet fait que ça ressemble plus à « ce que j’aimerais que vous fassiez avec mes textes libres, si l’envie vous prend de les modifier » qu’à une vérité universelle.


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Licence Creative Commons
Ce billet de blog de Lizzie Crowdagger est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International.

Billets connexes

Crowbook, version 0.10.3

, 13:06

Comme ça fait quelques mois que je n'en avais pas parlé, je me suis dit qu'il pouvait être intéressant de faire un petit billet à l'occasion de la sortie de la version 0.10.3 de Crowbook.

Rappel

Pour rappel, Crowbook est un logiciel libre qui convertit des fichiers écrits au format Markdown vers du PDF, de l'HTML ou de l'EPUB. C'est ce que j'utilise maintenant pour la quasi-totalité des textes disponibles sur ce site.

L'intérêt du format Markdown pour des textes de fiction, c'est que c'est essentiellement du texte brut et qu'on peut taper à la chaîne sans se poser de questions : c'est le convertisseur qui s'occupe de tout. Si vous voulez voir à quoi ça ressemble, vous pouvez regarder le dépôt Github contenant mes textes publics, jouer avec la version de démo en ligne de Crowbook.

Il y a pas mal de convertisseurs Markdown qui existent. Si j'ai commencé à développer celui-ci, en plus d'une certaine envie de réinventer la roue, c'est parce que, bien souvent, ceux-ci ne géraient pas les règles de typographie française, comme ces (foutus) espaces insécables (j'avais d'ailleurs écrit un article sur ce sujet).

Comme j'ai déjà parlé de Crowbook dans différents billets de blog, un premier pour présenter ce logiciel et un second à l'occasion de la version 0.7.0, je ne vais pas revenir en détail sur le fonctionnement et plutôt me contenter de rappeler :

Quoi d'neuf, doc ?

Mais voyons plutôt les changements depuis la dernière fois que j'en ai parlé.

  • Il y a maintenant une version de démo en ligne, si vous voulez voir à quoi ça ressemble sans rien avoir à installer sur votre ordinateur.
  • J'ai enfin eu l'occasion d'avoir un PC sous Windows sous la main pendant les vacances, et j'ai pu tester un peu ce que ça donnait, donc maintenant les versions pour Windows devraient marcher à peu près (ce qui, hum, n'était pas trop le cas avant). Du moins, tant que vous n'essayez pas de générer du format EPUB (où vous aurez besoin de la commande zip) ou, pire, du PDF (où vous aurez besoin d'une installation fonctionnelle de LaTeX, ce qui d'après ce qu'on m'en a dit, vous fera entrer dans un monde de douleur pour l'installer comme il faut sous Windows).
  • Crowbook est maintenant traduit en français (mais pas encore le guide d'utilisation ; ça va venir, promis).
  • Niveau typographie, les apostrophes ' et les guillemets anglais " sont maintenant remplacés par leurs équivalents “typographiques” plus ‘jolis’. Et il y a une option, si vous galérez sur votre clavier pour taper les guillemets « français » ou les tirets cadratins (—) – ou semi-cadratins – pour pouvoir utiliser à la place les chaînes de caractères <<, >>, --- et -- (comme avec LaTeX).
  • Il est maintenant possible de générer des versions de relecture, qui peuvent souligner les répétitions et même utiliser un détecteur grammatical (ce qui vous demandera d'installer et de lancer LanguageTool). Bon, là on sort un peu du convertisseur Markdown et en pratique c'est un peu compliqué à utiliser, mais c'est des fonctionnalités que je trouve utiles en tant qu'écrivaine alors je me disais autant les y rajouter.
  • Des bugs corrigés, et sans doute de nouveaux bugs ajoutés. Pour plus de détails, vous pouvez regarder le ChangeLog.
  • Ah et il y a un logo, maintenant :

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