Le blog de Lizzie Crowdagger

Ici, je discute écriture et auto-édition, fanzines et livres numériques, fantasy et fantastique, féminisme et luttes LGBT ; et puis de mes livres aussi quand même pas mal
Home

Aller au menu | Aller à la recherche

Mot-clé - une autobiographie transsexuelle (avec des vampires)

Fil des billets Fil des commentaires

Ce test devine votre région d'après votre opinion sur Une autobiographie transsexuelle (avec des vampires)

, 13:20

Ce test devine la région où vous vous situez d’après ce que vous pensez d’Une autobiographie transsexuelle (avec des vampires) !

Il se base sur une étude rigoureuse des folklores locaux pour essayer de donner une réponse fiable. Le résultat va vous surprendre !

Votre créature surnaturelle préférée…

  • Vampire
  • Loup-garou
  • Sorcière
  • Dragon

Votre arme de prédilection pour vous débarrasser d’un vampire…

  • Une balle en argent
  • Une triplex en argent
  • Un fusil à pompe
  • Un bon aïoli

Votre plus grande crainte si vous étiez transformé·e en vampire…

  • Ne plus voir le soleil
  • Je ne supporte pas le sang
  • Ne plus pouvoir manger de frites
  • Ne plus pouvoir manger de pâtisseries

Votre personnage préféré…

  • Cassandra
  • Morgue
  • Sigkill
  • Oups j’ai pas lu je connais pas les persos !

Vous prononcer « butch »…

  • Avec un “u” classique à la française
  • « boutch’ »
  • « beutch’ »
  • « boutcheu »

Dykes VS Bastards

, 18:19

Dykes VS Bastards est une nouvelle un peu particulière, puisqu'elle est partie d'une sorte de défi littéraire « blague ». Frustrée par la répression policière depuis le début du mouvement contre la loi travail (et en particulier la journée du jeudi 28 avril), de prendre des coups et des gaz lacrymogènes sans pouvoir répondre aux policiers, de voir des potes partir en prison ou à l'hôpital, j'avais annoncé en plaisantant que, pour chaque gazage, chaque éclat de grenade, chaque coup de matraque, je tuerais un policier dans mon prochain roman.

Ce n'était pas une idée très sérieuse, mais elle a plu à pas mal de gens, et j'ai eu cette idée de nouvelle, reprenant les personnages d'Une autobiographie transsexuelle (avec des vampires), qui a commencé à germer. Alors que j'avais vraiment eu du mal à écrire depuis un certain temps, j'ai réussi à la rédiger en quelques jours, sans doute parce qu'il y avait un aspect cathartique dont j'avais besoin à ce moment là.

À l'heure actuel, je publie ce texte sans avoir pris le temps de le laisser reposer (ce que j'évite d'ordinaire), donc je ne sais pas trop ce que ça vaut d'un point de vue qualité littéraire, mais ça m'a vraiment fait du bien de l'écrire, donc peut-être que vous prendrez aussi du plaisir à lire.

Dykes VS Bastards :

La narration à la première personne (vaguement à propos d'Une autobiographie transsexuelle #3)

, 22:04

Voici le troisième article qui a pour objectif de poser quelques éléments de réflexions diverses autour d'Une autobiographie transsexuelle (avec des vampires). Pour rappel, le premier article sur le sujet tournait autour des aspects un peu politiques liés à la représentation de minorités (en l'occurrence lesbiennes et femmes trans), tandis que le second parlait des méchants. Toujours pour rappel, si vous ne l'avez pas encore lu, vous pouvez notamment commander le livre sur le site de l'éditeur, Dans nos histoires.

Avertissement : cet article peut contenir quelques légers spoilers si vous n'avez pas encore lu ce livre.

Dans cet article, même si je pars de ce livre comme point de départ et exemple, j'en profite aussi pour donner quelques réflexions personnelles, qui valent ce qu'elles valent, sur la narration à la première personne. Je tiens à préciser (encore) que même si j'ai une relative expérience dans l'écriture de fiction, je n'ai pas un cursus littéraire, donc jen'utilise pas forcément les bons mots pour parler des choses et il y a des chances pour que je dise un paquet d'évidences (voire des absurdités) pour des gens qui s'y connaissent un peu dans le domaine. J'espère que ça intéressera quand même certaines personnes, en tout ça m'a permis de mettre un peu des trucs au clair dans ma tête.

Lire la suite...

À propos d'Une autobiographie transsexuelle (avec des vampires), #2 : les méchants

, 18:15

Voici le deuxième article qui a pour objectif de poser quelques éléments de réflexion diverses autour d'Une autobiographie transsexuelle (avec des vampires). Pour rappel, le premier article sur le sujet tournait autour des aspects un peu politiques liés à la représentation de minorités (en l'occurrence lesbiennes et femmes trans). Toujours pour rappel, si vous ne l'avez pas encore lu, vous pouvez notamment commander le livre sur le site de l'éditeur, Dans nos histoires.

Et en l'occurrence, si vous ne l'avez pas encore lu, vous devriez peut-être vous arrêter là pour l'instant, parce que si le premier article était sans spoiler, ce ne sera pas forcément le cas de celui-ci, puisque je vais notamment parler de « méchants » et de qui sont les antagonistes dans la première partie du livre.

Lire la suite...

Intervention à Strasbourg le 28 novembre

, 22:36

Le 28 novembre dernier, j'avais l'occasion d'être invitée à La Station (Centre LGBTI de Strasbourg Alsace), à l'occasion du TDOR (Transgender Day Of Remembrance) pour parler de mon livre, Une autobiographie transsexuelle (avec des vampires). Pour les personnes que cela intéresse, voilà une version rédigée des notes de mon intervention.


Bonjour à toutes et à tous. Avant de commencer je voudrais remercier la Station de m'avoir invitée à parler de mon livre, Une autobiographie transsexuelle (avec des vampires), et vous remercier d'être venu·e·s. Je tiens à préciser que c'est la première fois que je me livre à ce genre d'exercice donc j'espère que vous serez un peu indulgent·e·s sur la forme.

Quelques rappels sur le TDOR

Cette présentation a lieu dans le cadre du TDOR, ce qui me met dans une situation un peu délicate puisque j'ai écrit un livre plutôt léger qui parle de vampires et des loups-garous, alors que le TDOR, à l'inverse est quelque chose de grave et de plutôt lourd émotionnellement.

Le TDOR c'était le 20 novembre dernier, ça veut dire Transgender Day of Remembrance. C'est la journée du souvenir trans, en mémoire des personnes trans assasinées.

Il me paraît important de rappeler que les meurtres des personnes trans ne concernent pas toutes les personnes trans de la même façon, et qu'on a parfois tendance à invisibiliser d'autres axes d'oppression. La majorité des personnes trans qui sont victimes d'assasinat sont en effet des femmes, racisées, et/ou prostituées. Une étude sur les chiffres américains[1] montre en effet que 53% des meurtres de personnes LGBT (donc pas uniquement des personnes trans) concernent des femmes trans ; par ailleurs 73% des meurtres de personnes LGBT concernent des personnes qui ne sont pas blanches.

Ce n'est pas suprenant : les personnes qui ont le plus de risques d'être victimes de meurtres sont celles qui sont les plus marginalisées, qui cumulent plusieurs axes d'oppression. C'est celles dont la vie, dans notre société patriarcale, raciste et capitaliste, sont considérées comme ne valant pas grand-chose.

Cela se constate dans le traitement judiciaire de ces meurtres : la plupart de ces assasinats ne sont pas reconnus comme des crimes de haine. Au contraire, dans un certain nombre de cas le fait que la victime était trans va être utilisé comme une circonstance atténuante par la défense, qui va plaider que c'était, quelque part, de la faute de la victime si elle a été tuée. C'est l'argument comme quoi une femme trans «tromperait sur la marchandise» si elle ne revèle pas qu'elle est trans, ce qui autorise ou en tout cas dédouane de ses actes un homme hétérosexuel qui se sent floué et décide donc de tuer cette femme.

Si le système judiciaire protège souvent les agresseurs, il s'acharne en revanche sur les victimes qui osent se défendre, surtout si elles ont le malheur d'être noires. C'est ce qui est notamment arrivé à Cece MacDonald, une femme trans afro-américaine qui a passé 19 mois dans une prison pour homme parce qu'elle s'était défendue face à des agresseurs racistes, transphobes et misogynes.

Le 25 novembre dernier, c'était également la journée de lutte contre les violences faites aux femmes, et je pense que ce n'est pas sans lien. Car, comme je l'ai mentionné, l'écrasante majorité des personnes trans assassinées sont des femmes.

Au Brésil, pays qui recense le plus de personnes trans assasinées (ce qui doit être nuancé avec le fait qu'on possède au niveau mondial assez peu de données sur les assassinats de personnes trans, qui sont par conséquent forcément sous-évalués), Bérénice Sento parle de transféminicide. Contrairement à certaines analyses «LGBT classiques», qui ont parfois tendance à considérer les catégories LGBT comme un bloc homogène et à calquer les oppressions subies sur l'homobie, elle rapproche plus ces meurtres de meurtres misogynes (d'où la partie «féminicide») que des meurtres homophobes et fait le lien avec une haine du féminin dans notre société.

Elle donne un certain nombre de critères caractériques du transféminicide, qui s'appliquent au Brésil mais aussi pour beaucoup à d'autres pays du monde, dont le nôtre. Parmi ceux-ci, le plus frappant est sans doute le caractère ultra violent de ces meurtres, qu'elle qualifie de «ritualisé». Il ne s'agit pas de simples homicides, mais d'une volonté de détruire complètement la personne et ce qu'elle représente. Il s'agit de dizaines de coups de couteaux, comme à Marseille, ou d'assassinat à coups de marteau, comme pour le meurtre de Mylène à Limoges. Il s'agit donc de meurtres excessivement violents.

Un autre élément que l'on retrouve également en France, c'est que l'identité des victimes est complètement niée après la mort, qu'il s'agisse du certificat du légiste, mais aussi de la présentation dans les journaux, etc. L'identité des victimes n'est jamais respectée et la transphobie continue après la mort ; par ailleurs les journaux, lorsqu'ils en parlent, se contentent d'aborder le sujet sous l'angle du fait divers et les traitent comme des évènements insolites plutôt que comme un fait social (quelque chose qu'on retrouve également dans la plupart des articles traitant de violences misogynes, et notamment de viols).

Voilà, c'était quelques petits rappels rapides sur ce qu'est le TDOR.

Transition difficile

Difficile après ça de faire une transition pour parler d'un livre léger, plutôt rigolo, avec des vampires et des loups-garous.

Cela dit, même s'il est important de rappeler et de lutter contre les violences commises contre des femmes, contre des lesbiennes, et/ou contre des personnes trans, je pense que c'est aussi important de dire qu'on ne vit pas non plus que des choses plombantes et que nos vies ne se limitent pas à nos morts.

Avoir des œuvres plus légères, qui n'ont pas forcément la prétention de parler en détail et de manière très sérieuse d'un sujet, je pense que c'est important malgré le fait que quand on est une femme, une lesbienne, ou une personne trans on soit confrontée à des violences, à des agressions, à des viols, à des meurtres. Et je dirais même que c'est important parce que on subit toutes ces violences, que nos vies sont compliquées, et que des fois avoir un moyen de penser à autre chose en se plongeant dans une fiction légère peut être bien.

Représentation des lesbiennes et des femmes trans dans la fiction

Malheureusement, c'est souvent compliqué de trouver des histoires un peu cool où il y a comme protagonistes des lesbiennes, ou encore des femmes trans. Notamment parce que même dans la fiction nos existences ne sont visibles que lorsqu'il s'agit de parler de nos morts.

Je ne compte plus le nombre de séries ou de films où je me suis dis, toute contente, «chouette, des personnages de lesbiennes ou de femmes bisexuelles» et où au final elles subissent une mort violente. Quand j'ai vu Bound pour la première fois j'ai vraiment été surprise, positivement, par la fin du film, parce que c'était inimaginable pour moi que des lesbiennes s'en sortent dans un film de ce genre (polar/film noir).

Et là mon exemple porte sur les lesbiennes mais il est également vrai pour les personnages de femmes trans ; et j'ai l'impression que même s'il y a des spécificités il y a un certain nombre de traits communs dans la façon dont lesbiennes et femmes trans sont représentées.

Lorsqu'on n'est pas tuées à l'écran, ou parfois pour justifier qu'on soit tuées à l'écran, on est représentées comme des monstres. Soit de manière pseudo-humoristique, comme des monstres ridicules dont il faut de moquer, soit de manière dramatique, comme des monstres dangereux qui mettent les honnêtes gens en danger. Là encore je pense que c'est vrai pour les lesbiennes comme pour les femmes trans d'être représentées comme des psychopathes sanguinaires qu'il faut éliminer, même si les lesbiennes vont plutôt être accusées de vouloir pervertir les jeunes femmes innocentes pour au final soit les tuer elles, soit leurs mecs, tandis que chez les femmes trans ça va plutôt être soit de «tromper sur la marchandise» pour s'en prendre aux pauvres hommes hétéros, soit de dépecer des cadavres de femmes pour se faire des manteaux avec leur peau.

Une autre représentation possible c'est l'hyper-sexualisation. Il y a plein de films où on ne mettrait jamais un personnage important homo ou bi, et encore moins trans, mais où on va voir une scène ou deux dans un bar avec de la musique techno avec des nanas qui s'embrassent ou se caressent les seins pour montrer que c'est une ambiance chaude voire un peu décadente. De même pour les femmes trans, où il va y avoir souvent apparition d'un personnage de femme trans de manière anecdotique et hypersexualisé, avec parfois le cliché transphobe du héros qui la trouve sexy mais qui réalise après que c'est une femme trans et mon dieu quelle horreur.

Dans ces cas là on ne peut même pas parler de personnages réels, puisque le «lesbianisme» (qui n'en est évidemment pas vraiment puisqu'il s'agit avant tout de plaire aux hommes) ou la transidentité sont là uniquement pour poser une ambiance, montrer qu'un lieu est décadent, ou qu'un film s'encanaille à montrer de tels personnages pour le rendre plus sexy pour les hommes. En cela on rejoint un peu la représentation des lesbiennes et des femmes trans dans la pornographie pour hommes hétéros.

Dans les représentations que j'ai données, j'ai groupé lesbiennes et femmes trans, car il y a un certain nombre de points communs dans le traitement. Cela dit il y aussi des clichés plus spécifiques (la lesbienne qui va être converti parce qu'elle a trouvé le bon mec, ce qui est est parfois plus que limite au niveau de prôner le viol correctif, ou pour les femmes trans la focalisation sur les organes génitaux et sur l'opération ou non).

Évidemment, je ne prétends pas que toutes les représentations de lesbiennes ou de femmes trans se résument à ces trois catégories, il y a aussi des œuvres qui en font de vrais personnages intéressants, mais au final je trouve qu'on retrouve dans la fiction ce qu'on trouve dans la vie : soit faire de nous des monstres, soit éventuellement des victimes mortes, soit des morceaux de viande pour mec hétéro.

Et malheureusement il y a assez peu d'œuvres de fiction où les héroïnes soient des lesbiennes ou des femmes trans, et particulièrement dans les genres que j'aime personellement, qu'il s'agisse de la fantasy, de la science-fiction ou des films d'action.

Pourquoi j'écris

Je pense que c'est en bonne partie pour ça que j'écris de la fiction, et en tout cas c'est comme ça qu'est née Une autobiographie transsexuelle (avec des vampires) : parce que j'avais envie de m'évader un peu et pouvoir vivre les aventures d'un gang de lesbiennes, les Hell Bitches ou Hell Butches, qui ont des flingues et des motos. Et ça se passe dans un univers de fantasy urbaine, c'est-à-dire dans un monde semblable au notre si ce n'est la présence de vampires, de loups-garous, de sorcellerie, etc., parce que j'aime ce genre littéraire. Ce n'est pas parce que je me suis dit «tiens, je vais écrire un truc profond sur le féminisme, le lesbianisme ou la transidentité, et la thématique du vampire permettrait de donner un bon angle d'approche et servir d'allégorie» ou je ne sais quoi (même s'il y aurait moyen de faire une discussion de deux heures sur le vampire comme figure de l'homosexualité ou de la bisexualité dans la fiction).

C'est juste que j'aine écrire les histoires que j'aimerais lire.

Codes du genre

Pour parler un peu du contenu du roman, d'abord je vais parler un peu du genre littéraire dans lequel il s'inscrit, puisqu'il utilise pas mal les codes de ce genre. Comme je l'ai dit, il s'agit de fantasy urbaine, et peut-être plus précisément d'un sous-genre de celle-ci, la bitlit qui est un peu, pour caricaturer, la chicklit de la fantasy. Et pour schématiser on retrouve souvent les ingrédients suivants :

  1. il y a en général une héroïne (contrairement au reste de la Fantasy où c'est souvent un héros)
  2. qui découvre le monde surnaturel ou en tout cas une partie de celui-ci
  3. dont la vie oscille entre monde réel normal, quotidien d'un côté et monde surnaturel de l'autre
  4. cette héroïne tombe en général amoureuse d'un vampire ou d'un loup-garou puissant et ténébreux, ou hésite entre un vampire et un loup-garou qui sont jaloux l'un de l'autre, avec souvent une relation «hyper-hétérosexuelle» où le mec est souvent très dominant
  5. en général cette héroïne va évoluer, à la fois psychologiquement mais c'est aussi souvent concrétisé par de nouvelles capacités surnaturelles.

Si je dis ça ce n'est pas pour vous ennuyer avec les détails des sous-sous-genres de la Fantasy, mais parce qu'avec Une autobiographie transsexuelle (avec des vampires) j'ai plutôt respecté ce schéma, avec parfois quelques aménagements, et notamment sur la critique principale que je ferais à ce sous-genre, qui est que c'est désespérement hétérosexuel et que même si l'héroïne est une meuf il faut toujours qu'il y ait des gars et au final que l'histoire tourne autour d'eux.

  1. Non seulement l'héroïne est une femme, mais une lesbienne, et on suit un gang de lesbiennes avec vampires et louves-garous. Plutôt que de centrer l'histoire sur ce qui arrive aux mecs, il y a de la solidarité entre meufs et un côté Ma famille, mon crew entre lesbiennes. Le fait que ce gang soit hors-la-loi est aussi un détournement ou une réappropriation du cliché des méchantes lesbiennes psychopathes évoqué plus tôt, ou simplement des accusations de méchantes féministes violentes.
  2. Cassandra, la narratrice a au départ le rôle d'humaine normale qui découvre le monde surnaturel et peut raconter l'histoire plus facilement
  3. Par ailleurs donc, comme le titre l'indique, elle est trans, ce qui est notamment intéressant dans le va-et-vient entre monde réel et monde surnaturel : la transidentité fait plutôt partie de ce qui la rattache au monde réel que présenté comme un élément bizarre, étrange, extraordinaire comme c'est le cas d'habitude.
  4. Il y a une histoire d'amour qui suit en même temps pas mal les codes du genre mais qui concerne deux personnages de lesbiennes au lieu d'un couple hétérosexuel, ce qui est quand même mieux.
  5. Cassandra, la narratrice, évolue au cours du récit, surtout dans la première partie. Ça se traduit un tout petit peu par des changements surnaturels mais surtout par son rapport aux autres, à sa transidentité, aux agressions, et au fait qu'elle ose s'affirmer.


Au final je n'aurais peut-être pas dû présenter les choses comme ça puisque ça montre que je suis pas mal les codes du genre plutôt que d'être originale. Cela dit je pense que ça n'empêche pas de traiter de sujets qui ne sont pas forcément abordés d'habitude, et surtout il y a des héroïnes qui ne sont pas les héroïnes habituelles.

Bien sûr, il y a des limites à suivre les codes du genre. Par exemple, il y a notamment un conseil que j'ai souvent pu lire pour écrire de la Fantasy, et que George Martin par exemple applique très bien, c'est de tuer ses propres personnages. L'intérêt est de permettre aux lecteurs et lectrices d'être plus impliqué·e·s dans la lecture car ils et elles ont l'impression que les personnages sont vraiment en danger, que le héros ne va pas s'en sortir à tous les coups.

Et au fil des années je me suis dit qu'en fait ce conseil n'était pas très pertinent lorsqu'on écrit des histoires avec des héroïnes lesbiennes ou des femmes trans, puisqu'on n'a pas franchement besoin qu'on nous rappelle qu'on risque tout le temps de se faire tuer, et que peut-être que si on lit un roman de ce genre c'est pour penser à autre chose. Peut-être que d'un point de vue purement littéraire ce serait un bon conseil, mais plutôt que des lecteurs, et surtout des lectrices, sentent vraiment que les héroïnes peuvent être en danger, je trouve plus important qu'ils et elles puissent se dire « ah, cool, poun une fois des lesbiennes qui meurent pas et qui gagnent. »

Conclusion

Je n'ai ni la prétention d'avoir écrit une oeuvre politique sur la transidentité, le lesbianisme ou le féminisme, ni (encore moins)d'un point de vue littéraire de révolutionner la littérarure ou le genre dans lequel j'écris. Je voulais juste écrire un livre dans le genre de la fantasy urbaine, (monde réel avec vampires, loups-garous, sorcellerie) parce que c'est les histoires que j'aime lire. Et un livre où les héroïnes sont lesbiennes, et où la narratrice est une lesbienne trans, parce c'est les histoires que j'aimerais lire.

Et même si je l'ai écrit dans une logique de divertissement et d'évasion plus que dans un but politique, j'ai bien conscience que malgré c'est forcément politique. Parce que même dans la fiction à but de divertissement ou d'évasion, c'est pas souvent qu'on peut être autre choses que des monstres, des sex-toys ou des cadavres. Et c'est pas souvent qu'on a le droit de monter sur des motos pour tuer les méchants.

Notes

[1] Pour plus d'information sur cette étude et sur les intersections entre ces axes d'oppression, je vous invite à consulter l'article Sur la non homogénéité de la catégorie trans, dans la mort et autres violences, sur Chonik de Nègre(s) Inverti(s)

Extrait : Vraie vampire

, 00:53

La sortie récente d'Une autobiographie transsexuelle (avec des vampires) m'a donné envie de replonger un peu dans cet univers et avec ces personnages. Ceci est donc un extrait de ce qui pourrait être le début d'une nouvelle, ou bien d'autre chose, dont le titre très temporaire est pour l'instant « Vraie vampire ».

Contrairement à Une autobiographie transsexuelle (avec des vampires), qui est raconté selon le point de vue de Cassandra, l'idée est de partir du point de vue de Morgue. Ce qui est amusant, c'est qu'à l'époque il me semblait impossible de prendre son point de vue pour la narration : en effet Morgue est censée être une vampire badass qui raconte beaucoup de choses pas toujours vraies sur son passé. À l'opposé, Cassandra avait le rôle d'« humaine normale » qui découvre le gang de bikeuses en même temps que le lecteur, ce qui en faisait la narratrice idéale (la même raison, en bref, qui fait que c'est le Docteur Watson et pas Sherlock Holmes qui est narrateur des livres de Conan Doyle).

Bref, tout ça pour dire qu'avoir une narration à la première personne avec Morgue me paraissait un peu casse-gueule, mais au final j'avais envie d'essayer. Ce qui suit est donc plus une façon de voir ce que ça donne qu'un projet très lancé.

Sur ce, le bla-bla de présentation est en train de devenir plus long que l'extrait lui-même, alors le voici :


Je m'appelle Morgue, et je suis une vampire.

Avant qu'on commence, il y a deux choses que vous devriez savoir sur moi.

La première, c'est que je suis une vraie vampire. Je ne fais pas partie de ces non-morts qui essaient de s'intégrer aux valeurs de la République, qui ne boivent que du substitut à l'hémoglobine et portent fièrement un bracelet noir indiquant qu'ils suivent un traitement les dégoûtant du sang humain. (J'ai pris ce traitement pendant deux mois, pour essayer. Vous avez une piqûre tous les mois, et c'est sensé vous empêcher de planter vos crocs dans un honnête citoyen. En réalité, tout ce que ça fait, c'est vous faire vomir quelques minutes après. Les humains présentent cela comme la solution idéale au « problème vampirique », feignant sans doute de voir que les séances à dégueuler dans les chiottes après des soirées trop arrosées ne les ont, eux, jamais empêcher de vider la bouteille de Vodka.)

Je suis une vraie vampire. J'ai plusieurs milliers d'années. J'étais là lorsque Jésus Christ se faisait planter sur sa croix. J'étais là quand Néron foutait le feu à Rome. J'étais là quand Danton se faisait guillotiner, à la prise du Palais d'Hiver, quand Hitler se tirait une balle dans la tête ou encore au premier concert de AC/DC.

J'ai tué Dracula, qui n'était pas aussi fort qu'il le croyait. J'ai rencontré le Premier Vampire, celui dont nous descendons tous et qui n'est qu'une légende pour la majorité des morts-vivants. J'ai côtoyé des elfes lorsqu'ils étaient encore dans ce monde.

La seconde chose que vous devriez savoir sur moi, c'est que je suis légèrement mythomane. Vous feriez mieux de ne pas croire sur parole tout ce que je raconte.

Sortie d'Une autobiographie transsexuelle (avec des vampires)

, 03:56

Voilà, on est le 28 août, et ça y est, c'est la sortie d'Une autobiographie transsexuelle (avec des vampires) ! Le livre peut être commandé directement sur le site de l'éditeur, Dans Nos Histoires, ou a priori dans n'importe quelle librairie.

arton1.jpg

Le quatrième de couverture

« J’ai conscience que, pour beaucoup de gens, je ne peux pas être une vraie lesbienne parce que je suis trans. Et j’avoue que j’ai du mal à imaginer qui pourrait tomber amoureuse d’une fille comme moi.

— Je vais te donner le même conseil qu’aux jeunes vampires qui viennent de subir leur transformation et qui ont une sale tendance à se lamenter sur le fait qu’ils sont des monstres et qu’on les regarde bizarrement : oui, c’est difficile au début, oui, les gens sont des connards, mais, non, je ne suis pas la bonne personne auprès de qui venir chercher du réconfort ou à qui déclamer des poèmes qui illustrent la douleur de ton âme tourmentée. Rassure-moi, tu n’écris pas de poèmes ? »

Afin d'avancer dans son parcours transsexuel, Cassandra décide de se procurer des hormones de manière illégale, sans se douter que l'association lesbienne à laquelle elle s'adresse sert en fait de couverture à un gang de motardes surnaturelles. A travers un univers fantastique mêlant vampires, loups-garous et sorcellerie, le roman de Lizzie Crowdagger nous raconte l'histoire d'une émancipation. 'Vous avez toujours trouvé que les biographies trans manquaient de guns et de motos ? Vous n'avez jamais compris cette obsession pour la poésie chez les auteures lesbiennes ? Alors vous aimerez Une autobiographie transsexuelle (avec des vampires), située entre 'Buffy', 'True Blood' et 'Sons Of Anarchy', mais avec plus de gouines'.

Quelques petites choses en plus

Si le quatrième de couverture n'est pas suffisant pour vous faire une idée (ou que vous avez envie de retrouver brièvement certains personnages après avoir lu le livre), j'avais aussi écrit quelques petites nouvelles centrées sur des personnages qui apparaissent dans ce roman :

Accessoirement, si vous n'avez pas d'argent pour acheter le livre, ce n'est pas la peine de le voler en magasin ou de chercher une version numérique pirate sur un site bourré de publicités, il est possible de le lire en ligne sur le site de l'éditeur.

Voilà, c'est tout pour cette annonce : j'avais prévu d'en raconter un peu plus sur l'écriture de ce livre mais je suis un peu en retard, alors ce sera pour les jours à venir, si ça vous intéresse. En attendant, j'espère que ce bouquin plaira à celles et ceux qui le liront !

Une autobiographie transsexuelle (avec des vampire) maintenant édité par Dans nos histoires

, 17:06

Je suis fort heureuse de pouvoir enfin vous l'annoncer : après avoir été auto-édité pendant un certain temps, Une autobiographie transsexuelle (avec des vampires) a trouvé un vrai éditeur, Dans nos histoires, et paraîtra en novembre prochain. Il est d'ores et déjà possible de le précommander en participant à la souscription pour le prix de 9€.

arton1.jpg

— J’ai conscience que, pour beaucoup de gens, je ne peux pas être une vraie lesbienne parce que je suis trans. Et j’avoue que j’ai du mal à imaginer qui pourrait tomber amoureuse d’une fille comme moi.

— Je vais te donner le même conseil qu’aux jeunes vampires qui viennent de subir leur transformation et qui ont une sale tendance à se lamenter sur le fait qu’ils sont des monstres et qu’on les regarde bizarrement : oui, c’est difficile au début, oui, les gens sont des connards, mais, non, je ne suis pas la bonne personne auprès de qui venir chercher du réconfort ou à qui déclamer des poèmes qui illustrent la douleur de ton âme tourmentée. Rassure-moi, tu n'écris pas de poèmes ?

Constituée de trois histoires où l'on suit le parcours de la narratrice, Cassandra, et d'un gang de lesbiennes surnaturelles, les Hell B☠tches, cette oeuvre mélange thématiques féministes, lesbiennes, trans avec vampirisme, motos et gros calibres.

Que puis-je dire d'autre pour vous donner envie de le précommander ? Voyons :

  • en dehors de la narratrice, il y a plein de personnages cools, notamment Morgue et Sigkill dont vous pouvez déjà lire deux nouvelles de « présentation » (et, promis, je mettrai un vrai extrait du livre à un moment) ;
  • vous pourrez frimer auprès de vos potes LGBT (lesbiennes, gays, bis, trans) en disant que vous avez lu le premier livre (à ma connaissance, il faudrait vérifier) qui traite de la question de l'inclusion des personnes trans dans les gangs de bikeuses vampiriques ;
  • si vous le précommandez maintenant, vous n'aurez pas à le demander en librairie, ce qui vous évitera de devoir perdre trente secondes juste pour prononcer le titre ;
  • c'est une maison d'édition qui est toute nouvelle, et je m'en voudrais si elle se cassait la gueule parce que mon bouquin ne se vend pas ;
  • j'ai dit qu'il y avait des motos, des vampires et des flingues, mais ai-je mentionné qu'il y avait aussi des loups-garous et des explosions ?